Saint-Laurent, au-delà du biopic !

Si le film "Yves-Saint-Laurent" de Jalil Lespert séduisait, en racontant avec une certaine réussite, l'histoire du plus grand créateur de mode du 20e siècle, le film de Bertrand Bonello est une interprétation personnelle qui fait passer le créateur du rang de grand couturier au rang de créateur universel, qui traversera les siècles à venir au même titre que Proust, Warhol ou Mondrian !

Mal mal en a pris à Pierre Bergé de ne pas adouber cette œuvre qui, au-delà du papier glacé, laisse un vrai sentiment, une vraie trace dans l'âme du spectateur !

Des longueurs, des digressions, des facilités ? Et alors, ce film, si tant est qu'on se laisse prendre, ne vous laisse pas indifférent !

La beauté ensorceleuse de Gaspard Ulliel, celle plus immédiate de Louis Garrel, sulfureuses toutes les deux, l'interprétation juste de Jérémie Renier, nous font plonger dans l'univers dérangé du créateur ! Les trois comédiens, et leur metteur en scène nous font toucher au mystère de la création, si complexe, si impalpable à nos trois dimensions habituelles.

C'est toute la réussite du film de Bertrand Bonello, là où celui de Jalil Lespert, réussi également, nous laissait approcher la beauté du geste !

Celui de Bonello nous permet d'appréhender la complexité de l'âme du créateur ! Van Gogh, Schumann, Gainsbourg, Morrison, Winehouse, la création semble toucher au plus profond son auteur, le consumer comme un feu intérieur et dangereux ! Seuls, les pisse-froid, les médiocres en réchappent !

Il y a plus de 30 ans, en classe d'art plastique, je dessinais des robes ! Je ne connaissais pas Yves Saint-Laurent, mais déjà il devait avoir imprégné mon inconscient ! C'est la force d'un créateur, celle de marquer toute une génération et toute une époque !

C'est là la puissance du film de Bertrand Bonello ! Il parle à notre inconscient ! A cette part de nous-même qui habite notre capacité créative ! Celle qui permet au monde de changer !

Allez voir ce film qui touchera votre sensibilité ! Laissez-vous porter par cette beauté sulfureuse sans vanité !