Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Livre sur la Place, c'est tous les ans, depuis 44 ans, des centaines d'écrivains qui rejoignent Nancy le temps d'un week-end à la rencontre de leurs lecteurs sous un immense chapiteau dressé Place de la Carrière à deux pas de la célèbre Place Stanislas.

Le salon national de la rentrée littéraire, ce sont aussi des dizaines de rencontres avec des auteurs dans des lieux prestigieux de la cité ducale mais aussi des prix littéraires décernés à cette occasion, des lectures-spectacles et des émissions de radio nationales décentralisées pour l'occasion.

A moins d'avoir le don d'ubiquité, une telle profusion d'événements oblige le visiteur à faire des choix souvent cornéliens et générateurs de frustrations. C'est le prix à payer pour profiter du Livre sur la Place. Voici donc quelques souvenirs de cette 44e édition.

Enregistrement émission @ Livre sur la Place

Enregistrement émission @ Livre sur la Place

Vendredi soir, l'esprit du Masque et la Plume de France Inter a soufflé sur le Livre sur la Place à Nancy.

A l'Opéra national de Lorraine, Jérôme Garcin et ses irrévérencieux chroniqueurs ont passé en revue l'actualité des sorties littéraires et cinéma avec l'impertinence et le jugement acéré qu'on leur connaît.

Leur venue à Nancy est toujours synonyme d'un vent de culture et d'esprit soufflant sur la Place Stanislas.

Une vraie cure de jouvence pour les neurones !

A écouter dimanche 11 et 18 septembre à 20 heures sur France Inter ou en podcast.

Jean-François Kahn @ Hannah Assouline

Jean-François Kahn @ Hannah Assouline

Rencontres politiques :

Comme l'année dernière, je n'ai pas résisté au plaisir d'aller écouter Jean-François Kahn venu présenter le 2e tome de ses Mémoires d'outre-vies aux éditions de L'Observatoire. A 84 ans, le toujours aussi pétillant journaliste et essayiste, fondateur de l'Evénement du jeudi et de Marianne, a connu, comme il le dit lui-même, tous les événements qui ont marqué le monde depuis plus de 60 ans. L'esprit toujours aussi affûté, il réjouit l'auditoire par sa capacité intacte à s'indigner face aux injustices du monde tout en livrant quelques anecdotes croquignolesques sur le monde politique.

Journaliste, essayiste et romancier, Franz-Olivier Giesbert attire lui aussi chaque année mon attention. Habitué du Livre sur la Place, il vient tous les ans animer des rencontres avec d'autres écrivains et présenter par la même occasion son dernier ouvrage. Cette année, il a partagé la scène avec Anne Fulda, journaliste au Monde, qu'il a d'ailleurs engagée en son temps à la rédaction de ce quotidien du soir.

Anne Fulda venait présenter un ouvrage collectif sur les femmes d'Etat ("Femmes d'Etat - l'art du pouvoir de Cléopâtre à Angela Merkel", chez Perrin), tandis que Franz-Olivier Giesbert présentait un recueil d'éditoriaux couvrant la période 2017-2021 titré "En attendant de Gaulle" chez Albin Michel, sorte de clin d'œil au "Sursaut", son histoire intime de la Ve République parue il y a un an chez Gallimard. 

Avec la verve qu'on lui connaît, il n'a pas laissé beaucoup de place à sa consœur dans ce débat consacré aux Femmes et Hommes d'Etat. Le journaliste Mathieu Barbier qui animait les échanges a eu bien du mal à contenir la fougue du journaliste à la coiffure léonine qui n'hésite pas à dézinguer le monde politique à la manière des "Tontons flingueurs", pour mieux adouber ensuite la figure tutélaire du Général de Gaulle qu'il n'a pas toujours adulée dans sa jeunesse.

Avec plus de retenue, actualité oblige, Anne Fulda a évoqué la Reine Elizabeth II dont elle a signé le portrait. Mais elle a aussi évoqué Marie-Thérèse d'Autriche ou encore Angela Merkel qui selon Franz-Olivier Giesbert n'a rien fait d'autre que capitaliser sur l'héritage de son prédécesseur Gerhard Schröder.

Bref, on a pu assister à un échange dense et passionnant entre ces deux observateurs avisés du monde politique et du pouvoir qui invite à se plonger dans leurs ouvrages.

Anne Fulda et Franz-Olivier Giesbert @LSP

Anne Fulda et Franz-Olivier Giesbert @LSP

De gauche à droite Victor Jestin, Pierre Guénard et Guillaume Perilhou @ LSP

De gauche à droite Victor Jestin, Pierre Guénard et Guillaume Perilhou @ LSP

Rencontre avec de jeunes auteurs :

L'intérêt d'un événement comme Le Livre sur Place à Nancy est aussi de découvrir de nouveaux auteurs.

C'était le cas hier après-midi avec la rencontre de trois jeunes écrivains qui publient leur premier ou leur deuxième roman.

Réunis sous le titre évocateur de "La fureur de vivre", Victor Jestin, Pierre Guénard et Guillaume Perilhou explorent chacun le destin de garçons en devenir, un jeune passionné de danse dans "L'homme qui danse" de Victor Jestin chez Flammarion, un jeune homme issu de la classe moyenne dans "Zéro gloire" de Pierre Guénard chez Flammarion, et un jeune homosexuel qui aime se travestir dans "Ils vont tuer vos fils" de Guillaume Perilhou aux éditions de L'Observatoire.

Ces trois garçons ont pour point commun de se heurter à des environnements qu'ils vont devoir dépasser pour pouvoir aller de l'avant, suivre leur propre chemin et se réaliser.

Ce sont des récits initiatiques avec une part autobiographique plus ou moins importante. Ainsi, Guillaume Perilhou avoue partager l'orientation sexuelle de son héros, une déclaration pas si banale que ça.

Grâce à cette rencontre, les trois auteurs accompagnés par la journaliste du Point Elise Lépine ont donné envie d'en savoir un peu plus sur leur personnage en se plongeant dans leurs romans.

Victor Jestin - Pierre Guénard - Guillaume Perilhou @ DRVictor Jestin - Pierre Guénard - Guillaume Perilhou @ DRVictor Jestin - Pierre Guénard - Guillaume Perilhou @ DR

Victor Jestin - Pierre Guénard - Guillaume Perilhou @ DR

Patrick Chamoiseau et et Raphaël Imbert

Patrick Chamoiseau et et Raphaël Imbert

Rencontres musicales :

A l'occasion du centenaire de la disparition de Marcel Proust, le Théâtre de la Manufacture accueillait "Un amour de Proust" samedi 10 septembre. Six autrices et auteurs étaient invités à partager avec le public leur expérience de l'œuvre de Marcel Proust illustrée par les dessins réalisés en direct par Louison et accompagnée par les improvisations du musicien Anthony Laguerre, le tout sous la houlette de Baptiste Liger.

Parmi eux, Stéphane Carlier et encore davantage Pierre Ducrozet m'ont particulier touché par leur implication. Joffrine Donnadieu a, quant à elle, réussi l'exploit de parler de l'auteur d'"A la recherche du temps perdu" en avouant n'en avoir jamais lu une ligne.

Dimanche 11 septembre après-midi, Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992 pour Texaco, a révélé Beaudelaire comme personne ne l'avait jamais fait auparavant, à travers le jazz.

A partir de son dernier livre intitulé "Beaudelaire Jazz" paru au Seuil, il a imaginé sur la scène de la Salle Poirel un dialogue avec le saxophoniste Raphaël Imbert alternant des extraits de son livre hommage au poète vu comme une figure de jazz entrelacés dans les volutes improvisées du jazzman.

Une lecture révélant une vision inédite du poète maudit qui tout en nous replongeant dans l'univers des plantations esclavagistes nous transporte vers la liberté, celle du jazz et de la poésie.

Dimanche soir, toujours Salle Poirel, le Livre sur la Place s'est terminé sur une autre note de jazz avec le pianiste, compositeur, animateur et auteur André Manoukian, le musicien français sans doute le plus médiatique, qui est venu parler de l'origine du jazz avec Thibault Roland, directeur du festival Nancy Jazz Pulsations, à l'occasion de la sortie de son livre "Sur les routes du jazz" chez HarperCollins.

A travers un voyage dans le temps, de civilisations en civilisations, par-delà les continents, André Manoukian emmène le public dans une odyssée fantastique remontant aux sources du jazz pour finir en improvisation avec Thibault Roland au saxophone.

Cette leçon d'histoire de la musique illustrée au piano avec esprit et humour ravirait sûrement les élèves des écoles et collèges. On se prend à rêver que l'Education Nationale fasse appel aux bonnes idées d'André Manoukian pour donner envie aux jeunes de pratiquer la musique de manière moins rébarbative et plus collective. Affaire à suivre !

André Manoukian @ LSPAndré Manoukian @ LSP

André Manoukian @ LSP

Joann Sfarr et Hafsia Herzi @ LSP

Joann Sfarr et Hafsia Herzi @ LSP

Lectures et rencontres illustrées :

Samedi, avant "Un amour de Proust" au Théâtre de la Manufacture, l'Opéra national de Lorraine rendait hommage aux frères Jules et Edmond de Goncourt, originaires de Nancy.

Si l'on retient d'eux la célèbre académie qui porte leur nom, justifiant le préambule de Pascale Constant, de l'Académie Goncourt, ce furent aussi des frères fusionnels dans la vie et en littérature, à tel point qu'ils aimaient se faire appeler Juledmond, nom qui a donné son titre à la soirée.

Auteurs d'une œuvre foisonnante, ils se distinguent en particulier par leur journal savoureux écrit à quatre mains.

Ce soir à l'Opéra, l'universitaire, éditeur et écrivain suisse Robert Kopp, auteur de "Edmond et Jules de Goncourt, Les Hommes de Lettres et autres romans" chez Bouquins et l'homme de radio Jean Lebrun ont éclairé le public sur la vie de ces deux dandys de la deuxième moitié du 19e siècle, amateurs d'art, de théâtre et de littérature, à travers un jeu de questions/réponses passionnant.

Le sociétaire de la Comédie française, Michel Vuillermoz, toujours excellent, a ensuite lu des extraits de leur journal. Son art du jeu a permis au public de revivre littéralement les situations et anecdotes souvent caustiques relatées par ces deux trublions de la littérature qui brillaient dans l'art d'égratigner leurs contemporains dans leurs écrits. Jules, décédé 16 ans avant son frère, bien que plus jeune, c'est Edmond qui poursuivra et mettra un point final à ce journal. 

Dimanche, en clôture du Livre sur la Place, l'Opéra national de Lorraine a accueilli une autre lecture, illustrée cette fois-ci. A l'occasion des vingt ans du "Chat du Rabbin", le Livre sur la Place a en effet donné carte blanche à son créateur, le dessinateur, romancier et cinéaste Joann Sfar.

Pour cette soirée, il a sélectionné des textes auto-biographiques qu'il a illustrés par des dessins réalisés en direct. Laure Calamy s'étant désisté au dernier moment, c'est la jeune actrice et réalisatrice Hafsia Herzi qui a relevé le défi au pied levé. Peu à l'aise avec un texte qu'elle découvrait sans doute, elle a fait le choix d'une lecture monocorde plutôt adaptée au contexte. Les dessins de Joann Sfar, souvent drôles, en ont été d'autant plus mis en valeur.

 

 

Joann Sfarr et Hafsia Herzi @ LSP

Joann Sfarr et Hafsia Herzi @ LSP

Tag(s) : #Livre, #Littérature, #Lecture, #Salon littéraire, #Le Livre sur la Place, #Nancy, #Meurthe-et-Moselle, #Lorraine, #Grand Est, #France
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :