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Découvrir à une semaine d’intervalle deux grandes salles de concert européennes est un plaisir rare. C’est ce qui m’est arrivé dernièrement à Paris et à Luxembourg, avec pour m’accompagner dans cette joie, le violoniste Leonidas Kavakos qui, par un heureux hasard, se produisait à une semaine d’intervalle respectivement dans les deux capitales européennes.

Première étape de ce voyage à la fois musical et architectural, la Philharmonie de Paris, que je découvre un an et demi après son ouverture !

Décidant de m’y rendre à pieds en traversant le Parc de la Villette depuis le canal de l’Ourcq, j’en devine progressivement les contours aiguisés masqués par les frondaisons des arbres verdoyants.

Arrivé en bas de ses immenses escaliers, je les gravis, comme on se lance dans une ascension en montagne. J’en fais le tour et en photographie les moindres angles, jouant avec les ombres, et essayant d’en capter la puissance évocatrice voulue par son architecte, Jean Nouvel.

Son œuvre m’évoque finalement une immense sculpture cubiste en forme de coquillage laissant deviner sa chair intérieure, telle une offrande, l’offrande musicale ?

Celle-ci se présente le soir même à l’occasion d’un récital du trop rare pianiste roumain Radu Lupu.

Presque vingt ans jour pour jour après un concert mémorable donné au Grand Théâtre de Tours, en hommage à Sviatoslav Richter alors tout juste disparu, et consacré à Janacek et Schubert, j’ai la chance d’entendre à nouveau ce grand interprète pour mon premier contact avec la grande salle de la Philharmonie.

Celle-ci m’apparaît comme une immense conque à l’intérieur de laquelle sont répartis autour de la scène les espaces accueillant le public. Certains balcons semblent suspendus donnant l’impression étonnante de flotter dans l’espace. Des couleurs chatoyantes et contrastées, des teintes allant du jaune au noir, en passant par l’orangé, des parallélépipèdes en relief sur les parois, des éclairages bleutés sont autant de stimulations visuelles dans ce décor moderne pouvant accueillir jusqu’à 2400 auditeurs-spectateurs.

Le caractère intimiste du programme consacré à des variations de Brahms, Beethoven, et Mozart, en première partie, et à la 18e sonate de Schubert, après l’entracte, semble en décalage avec l’immensité du lieu. Comment Radu Lupu, à l’humilité incarnée, au jeu si peu démonstratif et exempt d’effets, va-t-il réussir à captiver un si large auditoire depuis son clavier ?

Si un espace plus feutré, tel que l’auditorium de la Philharmonie 2, anciennement Cité de la Musique, m’aurait paru davantage convenir à ce récital, je constate que le pouvoir magnétique du pianiste réussit quand même à opérer, malgré les stimuli visuels qui agissent sur moi comme autant de distractions à la concentration et à l’appréciation pure de la musique.

Deux jours plus tard, je peux apprécier les qualités acoustiques et visuelles de la salle dans ce à quoi elle me semble le plus destinée, à savoir la musique symphonique. La Philharmonie n’est-elle pas d’ailleurs la maison de l’Orchestre de Paris ?

C’est d’ailleurs ce dernier qui donne ce soir-là un programme très attirant : Caprice pour Orchestre II, une création de Richard Dubugnon, commande de l’Orchestre, le 2e concerto pour violon et orchestre de Béla Bartók, avec le violoniste Leonidas Kavakos et la 6e Symphonie de Dmitri Chostakovitch.

L’Orchestre de Paris trouve certainement dans sa nouvelle salle un écrin idéal à ses concerts. Dans un programme symphonique, l’acoustique y est optimale et la proximité avec l’orchestre remarquable pour une salle de cette dimension. C’est d’ailleurs ce qui a été voulu par les concepteurs.

L’Orchestre y déploie toute sa palette sonore sous la direction de Paavo Järvi, son directeur musical jusqu’à la fin de cette saison.

La partition de Richard Dubugnon enchante par sa polychromie instrumentale.

Leonidas Kavakos emporte le public dans un concerto rhapsodique à la fois virtuose et énigmatique.

Quant à la 6e Symphonie de Chostakovitch, très peu jouée par l’Orchestre jusqu’ici, si elle n’atteint pas l’idéale et éblouissante interprétation du Philharmonique de Saint-Pétersbourg entendu naguère au Théâtre du Châtelet, elle convainc toutefois par un engagement au bord du précipice des musiciens et de leur chef.

Assurément, Paris a su bâtir, Porte de Pantin, dans le 19e arrondissement, une salle de concerts moderne qui a su attirer un large public en sa périphérie, ce qui pouvait sembler un pari risqué vu depuis le 8e arrondissement, où la Salle Pleyel accueillait jadis sa programmation.

Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)
Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)

Visions de la Philharmonie de Paris (crédit photo : Stéphane Godet)

Tag(s) : #Musique, #Politique culturelle, #Patrimoine
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