Le piano dans tous ses états aux Nancyphonies – Un voyage en trois escales / 2ème escale

2^ème escale : Roger Muraro électrise la Salle Poirel

Quelques jours plus tard, la maturité allait succéder à la jeunesse.

Samedi 22 juillet après-midi, en effet, le pianiste français d’origine vénitienne, Roger Muraro, mondialement reconnu pour son interprétation de la musique d’Olivier Messiaen, allait chauffer à blanc la Salle Poirel, auditorium emblématique de la cité ducale dans un programme Schumann, Wagner/Liszt et Ravel.

D’emblée, ses Scènes de la Forêt op. 82 de Schumann nous plongent dans un univers onirique fait d’une succession de petits tableaux qui sont autant de visions romantiques de la nature, idéalement retranscrites par une interprétation émouvante.

Le Chœur des Fileuses S.440 extrait du Vaisseau fantôme et La Mort d’Isolde S.447 de Tristan et Isolde de Wagner, transcrites par Liszt, qui suivent, mettent en valeur la technique indubitable du pianiste, parfois au détriment d’un certain mystère en particulier dans le dernier souffle d’Isolde.

Son jeu altier et noble qui irrigue tout le récital se révèle dans Ravel.

Si la Pavane pour une infante défunte semble un peu rapide pour en exprimer toute la poésie, après les A la manière de...Borodine et Chabrier, ses Valses nobles et sentimentales retiennent l’attention, tant les sonorités rondes et chaleureuses qu’il arrive à produire font merveille.

Véritable morceau de bravoure pianistique exigeant d’immenses moyens techniques, La Valse, clôturant le concert tel un feu d’artifice, fait l’objet d’une lecture analytique, le frisson de l’effondrement d’un monde révolu n’apparaissant qu’au dénouement cataclysmique de l’œuvre.

Pour reprendre ses esprits, le public électrisé eut droit à deux bis dont le Prélude opus posthume de Chopin, dans une restitution particulièrement inspirée.