Une chatterie au Centre de détention d'Ecrouves en Lorraine

26 Mars 2024

Si les résidents de certains Ehpad peuvent désormais avoir un animal de compagnie, jusqu'à maintenant les seuls animaux autorisés en prison étaient les insectes rampants et volants.

C'est donc une première en France que va inaugurer le centre de détention (CD) d'Ecrouves près de Toul (54) avec la création d'une chatterie.

Situé quasiment à la campagne, le CD dispose de grands espaces extérieurs où vivent déjà beaucoup de chats errants qui occupent une partie de leur temps à chasser rats et mulots, tout en gardant un œil attentif sur leurs colocataires humains, détenus et agents pénitentiaires, leur seule présence conférant déjà aux lieux une atmosphère rassurante.

D'après l'article de l'Est Républicain, l'idée d'une chatterie est née il y a dix ans dans l'esprit d'une surveillante passionnée par les chats. Il aura fallu tout ce temps et l'arrivée d'un nouveau et jeune directeur pour enfin pouvoir la mettre en place.

La chatterie accueillera dans deux espaces séparés les chats errants qui pourront aller et venir entre l'extérieur et l'intérieur et des chats éclopés, vieux ou mal en point dans un espace fermé.

L'intérêt est tout simple : par la présence des félins, apaiser les tensions qui peuvent exister dans un lieu comme une prison, occuper et responsabiliser les détenus qui en soignant les chats se sentiront utiles et investis d'une mission, luttant ainsi contre une tendance du régime de détention à les infantiliser et leur ôter toute forme d'autodétermination, ce qui ne favorise pas ensuite la réinsertion.

La médiation animale existe déjà dans d'autres établissements pénitentiaires comme celui de Toul où un intervenant extérieur vient régulièrement avec chien, chat, lapin ou cochon d'Inde apporter une forme d'apaisement aux détenus propice à retisser du lien.

Attention, les animaux sont encore interdits à l'intérieur des bâtiments et dans les cellules. Seuls cafards, punaises de lit et autres cancrelats sont admis (cf. Geneviève de Gaulle-Anthonioz qui raconte sa relation amicale avec un cancrelat dans La traversée de la nuit).

On peut se demander d'ailleurs pourquoi, quand l'espace le permet, il n'y aurait pas une présence animale permanente et utilitaire dans les prisons. Poules et cochons par exemple pourraient recycler les déchets organiques et restes de repas tout en produisant des œufs et de la viande. Une mini-ferme pédagogique pour redonner un objectif aux détenus et lutter contre le gaspillage.