À tout juste 15 ans, alors qu'elle termine brillamment sa première année dans la classe de Claire Désert au CNSMD de Paris, Arielle Beck a déjà rejoint l’agence artistique de Jacques Thelen, celle-là même de Martha Argerich avec qui elle a des liens tout particuliers. Après plusieurs concerts cette saison dans des festivals réputés en France et à l’étranger, elle va se produire deux fois cet été au prestigieux Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron, en récital et dans le concerto de Schumann et elle va recevoir le Prix du Festival Elba Isola Musicale d’Europa.
A cette occasion, elle a accepté de répondre à quelques questions pour mon blog.
Stéphane Godet (SG) : Depuis notre dernière rencontre il y a un an, votre parcours a été tout à fait remarquable, si ce n’est extraordinaire. Que de chemin parcouru en un an ! Quel effet cela vous fait-il ? Comment vivez-vous cette accélération de votre carrière ?
Arielle Beck (AB) : Oui, en tout cas, si toutes ces nouveautés produisent sur moi un effet particulier, je dirais simplement qu’elles me donnent davantage encore l’envie d’approfondir ma musique, même si elles ne modifient pas du tout l’intensité de ma passion, qui est, quant à elle, inconditionnelle ! Je vis cela naturellement, et non justement comme une accélération. Je ne sens pas cette évolution comme un changement, ou un bouleversement, car elle se fait tout de même progressivement.
S.G. : Comment arrivez-vous à mener de front à la fois votre formation musicale de très haut niveau, les concerts en France et à l’étranger et les cours au lycée que vous suivez par correspondance, je crois ?
A.B. : Cela demande nécessairement une organisation bien établie, un certain équilibre entre d’une part le CNED (en ce moment, je prépare le bac de français), le complément de mes études musicales et mes concerts. Je travaille généralement le programme du CNED le matin et de nouveau le soir, et je me consacre au travail pianistique l’après-midi et une partie de la soirée. Mes professeurs de piano au CNSMDP, Claire Désert et Romano Pallottini, sont présents et bienveillants, c’est une grande chance. Je suis également bien entourée et conseillée par mon agent, Jacques Thelen ! Et je dois aussi beaucoup à Igor Lazko qui a développé en moi l’exigence et la capacité à mener de front la vie, les études et les programmes ambitieux.
S.G. : Quels sont les temps forts que vous retenez de cette saison 2023/2024 que ce soit du côté des concerts, des collaborations artistiques ou dans votre formation ?
A.B. : Pour commencer, la saison 2023/2024, c’est pour moi la poursuite de ma formation au CNSMDP, avec l’accès à un enseignement très varié et de haut niveau. Outre le piano, j’ai étudié cette année l’histoire de la musique avec François Meïmoun, la réduction à vue avec Ariane Jacob ou encore l’harmonisation au clavier avec Lucile Dollat, et j’espère y découvrir d’autres enseignements. J’ai par ailleurs continué de travailler le contrepoint avec Françoise Levéchin.
Quant à la saison de concerts, beaucoup de moments ont été marquants et j’en garde de très beaux souvenirs. Je pourrais citer parmi eux mon concert à la Cité des Congrès de Nantes à l’invitation de René Martin en juin 2023, où j’ai suppléé Khatia Buniatishvili, mon premier récital à la Roque d’Anthéron en août 2023, mon concert au KKL de Lucerne, en janvier 2024, dans un programme Schumann-Mendelssohn-Brahms retransmis sur medici.tv, la Folle Journée de Nantes, où j’ai notamment joué avec l’orchestre de chambre de Mannheim dirigé par Paul Meyer le 23e concerto de Mozart, pour lequel (puisque c’est permis !) je me suis amusée à composer la cadence du premier mouvement, ou encore à la Fondation Miró de Barcelone dans un récital Brahms-Jaëll-Schumann. Sans oublier le Quatuor Modigliani qui m’a fait confiance en m’invitant à leur Festival de musique de chambre d’Arcachon, où j’ai été accueillie par un public très chaleureux.
Et puis je vais donc interpréter le concerto opus 54 de Schumann avec l’Orchestre philharmonique de Marseille sous la direction de Lawrence Foster cet été à la Roque d’Anthéron, avant de jouer au festival de Menton, puis aux Musicales du Golfe et au festival de l’île d’Elbe, en effet…
S.G. : Quels sont les projets de la saison 2024/2025 qui représentent pour vous un nouveau défi artistique ? Une œuvre que vous rêvez de jouer avec orchestre par exemple ?
A.B. : La saison 2024/2025 va être riche en nouvelles expériences. En récital solo, je vais avoir le grand plaisir de jouer en septembre prochain au Festival Piano aux Jacobins de Toulouse. Et je vais beaucoup jouer en concerto. À la rentrée, je donnerai de nouveau le grand la majeur de Mozart avec l’Orchestre national Montpellier-Occitanie sous la baguette de Domingo Hindoyan à l’Opéra Berlioz, puis avec l’Orchestre de l’Aube à Troyes, et poursuivrai toujours avec Mozart, en 2025, dans le « Jeunehomme ». Je le jouerai avec l’Orchestre National des Pays de la Loire (direction Bruno Weil) en janvier et ensuite avec l’Orchestre du Pays Basque. Je suis très heureuse d’explorer aussi le concerto en sol de Ravel, que je donnerai aux Folles Journées de Nantes et de Tokyo ; le voyage à Tokyo est important pour moi, car j’ai toujours rêvé de découvrir le Japon ! Je jouerai également le 5e de Beethoven avec l’Orchestre national d’Ukraine en juillet 2025, sous la direction de Fabrice Gregorutti. Parmi les projets plus généraux, je suis en train de préparer mon premier album... mais je n’en dis pas plus pour l’instant !
S.G. : Je sais que vous composez aussi. Avez-vous eu le temps de continuer cette année ? Si oui, quelles œuvres ?
A.B. : En effet, je me suis remise à composer presque quotidiennement depuis quelques semaines. Pour l’instant, ce ne sont que des pièces pour piano, même si je garde toujours en tête l’idée de composer pour d’autres instruments. J’hésite à vous partager les titres des pièces en cours, parce qu’ils pourront peut-être encore évoluer… !
S.G. : Que peut-on vous souhaitez pour ces prochains mois ?
A.B : On peut me souhaiter simplement de continuer de jouer sur scène, de voyager, et de faire continuellement des découvertes excitantes dans mon travail en général ! J’attache aussi beaucoup d’importance à l’échange avec d’autres musiciens, et je n’oublie pas les différents publics, les différentes qualités d’écoute, qui sont en soi une chose fascinante. Je dois dire que c’est une merveille de rencontrer tant de gens passionnés à chaque concert ! Tout musicien, je crois, a une mission dans un monde qui va si mal, et le beau reste « la promesse du bonheur », comme dit si bien Stendhal.
S.G. : Merci d’avoir répondu à mes questions et à très vite en concert.
Prochaines dates de concerts d'Arielle Beck (mise à jour 12 mai 2024) :
- 10 juillet 2024, récital au festival En Blanc et Noir de Lagrasse,
- 12-19 juillet 2024, récital au festival Festum π en Crète (Grèce),
- 22 juillet 2024, récital et concerto de Schumann (opus 54) avec l'Orchestre philharmonique de Marseille au Festival International de Piano de la Roque d'Anthéron :
- 29 juillet 2024, récital au Festival de Musique de Menton :
- 7 et 8 août 2024, récitals au Festival des Musicales du Golfe à Elven et Séné :
- 31 août 2024, récital et musique de chambre au Festival de musique de l'Île d'Elbe (Italie),
- 12 septembre 2024, récital au Festival Piano aux Jacobins de Toulouse,
- 14 septembre 2024, récital au festival La Vague Classique de Six-Fours-les-Plages :
https://www.sixfoursvagueclassique.fr/evenement/arielle-beck/
- 4-5 octobre 2024, concerto n°23 de Mozart avec l'Orchestre national de Montpellier,
- 7-8 décembre, concerto n°23 de Mozart avec l'Orchestre de l'Aube (Troyes),
- 11-15 janvier, concerto n°9 "Jeunehomme" de Mozart avec l'Orchestre National des Pays de la Loire (Angers-Nantes) :
https://onpl.fr/concert/linachevee-de-schubert-et-un-concerto-pour-piano-de-mozart-avec-arielle-beck/