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Un homme d’une trentaine d’années retourne dans sa famille pour lui annoncer qu’il va mourir. Il est parti depuis longtemps. Malgré le caractère dramatique de sa démarche, sous les traits de Gaspard Ulliel, il semble calme et même presqu’angélique. Il va retrouver une famille qui lui ressemble bien peu de ce point de vue, une famille aux comportements excessifs. La mère est presque caricaturale, outrageusement maquillée et hystérique, le frère violent dans ses paroles et ses gestes, toujours au bord de la rupture, la sœur également dans un autre style, enfin la femme du frère agaçante de douceur et de naïveté.

Juste la fin du monde est l’adaptation de la pièce éponyme de Jean-Luc Lagarce. Il n’est pas étonnant que Xavier Dolan se soit emparé de cette œuvre, tant le sujet récurrent de cette pièce chez Lagarce, l’est aussi chez le réalisateur prodige, la famille déchirée par l’incommunicabilité.

D’emblée, on est désarçonné par les premières scènes qui nous donnent à voir un nouveau Dolan, une nouvelle variation de son talent, de son génie ? C’est normal, volontairement ou pas, il a réussi à porter cinématographiquement cette pièce en en respectant le style. Tel Marguerite Duras qui l’encouragea, Lagarce joue de la langue française, il la morcelle, tout en la ciselant avec une minutie d’orfèvre. Contrairement à ce que dit Dolan, il ne fait pas de fautes de grammaire, mais il se joue de celle-ci dans son processus créatif.

L’œuvre de Dolan est d’ailleurs au cinéma ce que celle de Lagarce est au théâtre. Il joue lui aussi avec les codes…

Transposée vraisemblablement au Québec d’après les vues extérieures, l’action fait cependant appel à une brochette de stars françaises pour incarner les personnages du scénario. De Gaspard Ulliel, le fils, à Nathalie Baye, la mère, en passant par Vincent Cassel, l’autre fils, Marion Cotillard, la femme de ce dernier et Léa Seydoux, la fille, Dolan n’a pas fait dans la demi-mesure. On peut d’ailleurs se demander pourquoi ce choix d’une distribution aussi glamour et prestigieuse.

Personnages excessifs et opposés, ils sont les écueils sur lesquels bute une impossible communication sans doute à l’origine du premier départ du fils.

Tout le film consiste d’ailleurs à montrer cette incommunicabilité rendant finalement impossible au fils de révéler ce pourquoi il est revenu, et conduisant à son second et ultime départ.

Par sa manière de filmer, Dolan révèle toutes ces aspérités, ces fêlures, ces oppositions, même si le trait semble parfois forcé, manquant de subtilité. C’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait faire à ce film surprenant.

Prix du jury en 2014, Grand prix en 2016 pour Juste la fin du monde, Xavier Dolan est à une marche de la palme d’or au festival de Cannes. Il la décrochera sans doute bientôt, tant son cinéma est original et puissant.

 

 

Juste la fin du monde ! de Xavier Dolan
Juste la fin du monde ! de Xavier Dolan
Tag(s) : #Cinéma
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