Les jeunes pianistes Zala et Val Kravos à l'unisson du Quatuor Stanislas à Nancy

Magnifique concert donné dimanche 6 novembre après-midi Salle Poirel à Nancy par le Quatuor Stanislas qui avait invité pour son ouverture de saison les jeunes pianistes Zala et Val Kravos en duo à quatre mains.

Avant le concert, Jean de Spengler, violoncelliste et directeur artistique de l'Ensemble Stanislas a tenu à rassurer le public sur la situation financière de l'Ensemble. Grâce au soutien du public et de généreux mécènes, il pourra faire face à la baisse de subvention de la région et assurer la saison 2022/2023.

Rasséréné, le Quatuor Stanislas a inauguré le concert avec l'immense Quatuor à cordes en ré majeur de César Franck, dont on fêtera le 10 décembre prochain le bicentenaire de la naissance. Dernière de ses œuvres, véritable monument musical, elle en impose par ses dimensions et son ampleur que le Quatuor Stanislas a restituée avec beaucoup de noblesse. D’une durée de 45 minutes, le Quatuor à cordes de César Franck est rarement donné en concert. Son interprétation était d’autant plus exceptionnelle hier Salle Poirel. S’il peut être considéré comme le premier quatuor de l’école française contemporaine, il porte aussi l’influence de la musique germanique, et notamment de Richard Wagner. Ainsi, certains passages évoquent les longues vagues orchestrales de "Tristan et Isolde" qui sera d’ailleurs donné en janvier à l’Opéra national de Lorraine.

Après un entracte nécessaire pour récupérer d’une telle densité musicale, le duo de jeunes pianistes Zala et Val Kravos a joué l’Allegro "Lebensstürme" en la mineur D.947 de Franz Schubert. A 18 et 20 ans, ces deux jeunes frère et sœur nés en Slovénie ont suivi tout leur cursus musical au Luxembourg et en Belgique, auprès des plus grands pédagogues. Lauréats de plusieurs prix, ils ont déjà une carrière impressionnante de concertistes dans le monde entier que ce soit en soliste ou en duo. Leur arrivée et leur présence sur scène Salle Poirel ne laissaient pas de doute sur leur expérience, Zala, l’aînée, prenant son frère Val sous son aile, de manière très touchante.

"Lebensstürme" fait partie des nombreuses œuvres pour piano à quatre mains de Franz Schubert qui lui permettaient de faire entendre une musique ambitieuse dans les salons viennois.

Le titre "Lebensstürme" (les tempêtes de la vie) qui lui a été donné par Anton Diabelli au moment de son édition en 1840 évoque bien cette alternance entre sérénité et tempête. 

Zala et Val Kravos restituent à merveille ces variations de climat, entre introspection et exaltation. Malgré leurs jeunes années, ils se montrent tout à fait à l’aise et même d’une grande maturité dans cette partition riche en rebondissements qui ne saurait trahir son appartenance au mouvement romantique.

En troisième partie, le Quatuor Stanislas a rejoint Zala et Val Kravos pour donner la création mondiale des Lumières, sextuor opus 286 de Françoise Choveaux. Inspirée par une visite au Château de Lunéville et la figure de Voltaire qui y séjourna, la compositrice née en 1953 a créée une œuvre en quatre parties à la fois contrastées et d’une grande unité stylistique. Cette musique puise aux sources de la musique du 19^e siècle, tout en étant d’une grande modernité.

Les deux pianistes sont très sollicités tout au long de l’œuvre avec des passages virtuoses et très brillants que ce soit en solo ou en duo. L’osmose avec le Quatuor Stanislas est évidente et assure le succès public de cette première à Nancy.

En bis, Zala et Val Kravos donnent "Le Bal", final des "Jeux d’enfants", suite pour piano à quatre mains opus 22 de Georges Bizet, dont on a davantage l’habitude d’entendre la version orchestrée. Ce galop indiqué presto clôture ce concert tel un feu d’artifice à la hauteur du talent de ces deux jeunes musiciens.