Décidément, Carole Grandjean, ex-ministre de l'enseignement professionnel et députée de Meurthe-et-Moselle, n'aura pas eu besoin de consacrer beaucoup de temps à sa réflexion.
L'appel du privé aura été plus fort que les affaires publiques puisqu'elle a accepté de rejoindre le Groupe Etam comme Directrice des Ressources Humaines.
Certes, comme le rappelle l'article de L'Est Républicain Nancy, elle venait du monde de l'entreprise, mais contrairement à beaucoup de Français qui rament pour trouver ou retrouver un emploi, elle n'aura pas attendu longtemps pour rebondir sur un poste certainement assorti de beaucoup d'avantages.
Cependant, comme on le sait, le cas de Carole Grandjean n'a rien d'isolé en politique. En général, les élus en mal de mandat ou en quête d'autres horizons ont rarement de difficultés pour faire évoluer leur carrière dans le secteur privé ou public. Les exemples sont légion depuis le sommet de l'Etat jusqu'aux cantons et aux communes.
Depuis l'interdiction du cumul de la direction d'un exécutif local avec le mandat de député ou de sénateur, le cumul des mandats locaux, lui, se porte très bien et permet d'assurer de confortables rémunérations à des élus qu'on connaît à peine.
Pour certains d'entre eux et leurs amis, les collectivités territoriales ne lésinent pas d'ailleurs à créer des organismes ad-hoc dits organismes associés pour leur redonner une raison d'être. Ainsi sans doute du Nouvel observatoire photographique du Grand Est dont le directeur Eric Didym n'est autre que le frère de l'ancien directeur du CDN de Nancy - Théâtre de la Manufacture, aux prises avec des accusations de viol.
A son arrivée à la tête de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse avait relevé le nombre incalculable de ces organismes satellites de la région qui n'occupaient parfois qu'une ou deux personnes avec des budgets confortables et dont la raison d'être posait question au regard des politiques régionales. Car même si certains exercent bien une mission utile et constituent en quelque sorte les bras armés de la collectivité, d'autres ne sont que des coquilles vides, des machins comme disait le Général de Gaulle, qui accouchent de temps en temps d'un rapport qui finit au fond d'un tiroir.
Pour se rassurer, il existe encore plus de ces organismes, conseils, chambres, comités dits "théodule", etc qui gravitent autour de l'Etat, à commencer par le CESE (Conseil économique, social et environnemental) et ses déclinaisons régionales qui ne servent à rien et que le Général de Gaulle, en son temps, voulait fusionner avec le Sénat pour en faire une chambre certes consultative mais avec un poids réel dans les institutions de la Ve République.
Et avant de s'en prendre aux Français eux-mêmes, en supprimant l'Etat providence, comme veut le faire Bruno le Maire, peut-être faudrait-il d'abord s'attaquer au mille-feuilles administratif et institutionnel, une spécialité nationale.
Comme on le voit, beaucoup reste à faire pour redonner aux Français, dégoûtés non pas de la politique mais des politiques, confiance en leurs élus et en leurs institutions et leur redonner envie d'aller voter.
Car il y a forte à parier qu'aux élections européennes du 9 juin prochain, beaucoup soit ne se déplaceront pas aux urnes, soit voteront nul ou blanc, soit encore pire se réfugieront dans le vote extrême.