Stéphane Godet : L'Orgue de Vézelise fête cette année ses 250 ans. Pouvez-vous nous le présenter et nous dire en quoi c'est un instrument particulier ?
Dominique Dantant : L'orgue de Vézelise fut commandé en1773 par le prince abbé de l'abbaye de Beaupré située à côté de Lunéville. C'est le facteur Georges KÜTTINGER qui obtint le marché et mettra deux ans pour réaliser l'instrument. Cela correspond à une période de travaux dans les bâtiments. Il semble en effet qu'en dépit des difficultés financières récurrentes dans cette abbaye, des travaux de reconstruction de la façade de l'église abbatiale aient été entrepris peu après 1770, et derrière la façade se trouvait nécessairement la tribune de l'orgue. L'orgue est réceptionné en décembre 1775 par l'organiste de la cathédrale de Toul, Jean-Baptiste Nôtre qui jouit d'une bonne réputation en Lorraine. C'est d 'ailleurs pour cette raison que mon premier CD enregistré sur cet orgue a été consacré à l'œuvre de ce compositeur. Cet enregistrement on ne peut plus historique est toujours disponible auprès de l'Association des Amis de l'orgue. Signalons aussi que c'est le seul instrument construit par Küttinger qui nous reste. Il est un témoin unique de l'art de cet artisan.
Puis arrivent les troubles révolutionnaires et la vente des biens nationaux. Beaupré n'y échappe pas. Il reste peu de vestiges du lieu. Quoi qu'il en soit, le maire de Vézelise de l'époque fut bien inspiré d'acquérir l'instrument pour son église paroissiale en 1793. A cause d'une crue, il dut faire un détour et arriva juste à temps pour l'enchère. Le transport effectué par plusieurs dizaines de charrettes, il fallut remonter l'orgue sur une tribune trop petite. L'instrument remplacé devait être de taille plus réduite et en mauvais état. Le maire prit alors la décision de repartir à Beaupré pour faire l'acquisition de la tribune. Ce qui fait qu'aujourd'hui nous avons l'ensemble complet, orgue et tribune des années 1770. D'après les recherches de Catherine Guyon, professeur d'Histoire médiévale à l'Université de Lorraine et spécialiste de Beaupré, les dimensions de l'église de Vézelise correspondent assez bien à celles de l'église abbatiale de Beaupré (hauteur, largeur), sauf la longueur, plus longue d'une dizaine de mètres. Ce qui explique certainement que l'instrument sonne merveilleusement dans l'acoustique de l'église St-Côme & St Damien et qu'il arrive souvent que les habitants de la cité entendent le grand jeu jusque dans les rues voisines.
Les mises au goût du jour au XIXe siècle et en 1936 ne furent pas aussi destructrices que prévu. Est-ce par économie ou parce que les facteurs d'orgues se sont rendus compte de la qualité du travail de leur prédécesseur ? En tout cas ils eurent le bon sens de conserver un maximum de tuyaux d'époque. Lorsque mon prédécesseur Gérard Hoffalt fonde l'association en 2000, il remue ciel et terre pour redonner à l'instrument toute sa noblesse, non sans avoir à batailler vaillamment avec la DRAC et les Monuments historiques. C'est à lui que nous devons donc le retour à un instrument de type classique français, débarrassé de ses ajouts romantiques. La tâche de restauration fut confiée au Maître artisan Yves Koenig (dont la Manufacture fête cette année ses 80 ans). Le travail réalisé par la manufacture Koenig est remarquable en tous points. Tous, organistes et autres facteurs s'accordent à louer cette réussite exemplaire. L'orgue sonne aujourd'hui avec environ 80% de sa tuyauterie d'origine, c'est dire toute son authenticité.
S.G. : Quels sont les temps forts de la saison de concerts que vous avez programmée pour fêter cet anniversaire ?
D.D. : Cette saison a débuté à Pâques avec les Leçons de Ténèbres de Couperin avec les excellentes Monique Zanetti et Laureen Stoulig. Ce sont pour moi des œuvres hors du temps et sublimes. Je n'échangerais ma place avec personne lorsque je les accompagne. Et puis les voix de ces deux amies musiciennes sont inégalables dans ce répertoire. Je suis un organiste heureux. La suite de la saison sera davantage consacrée aux claviers. C'est une des caractéristiques de notre programmation que de chercher l'originalité. Non, à Vézelise on n'entend pas sempiternellement les mêmes œuvres. On écoute le clavecin, l'harmonium, l'orgue dans des répertoires choisis par des interprètes qui par nature sont curieux et ne se contentent pas du répertoire habituel et conventionnel (au risque de faire frémir les puristes). Jouer en concert à Vézelise c'est être capable de surprendre le public.
Depuis trois ans, j'aime associer orgue et clavecin pour mettre en relief les œuvres d'un compositeur. N'oublions pas que tous les organistes des XVIIe et XVIIIe siècles étaient tous clavecinistes (mais pas l'inverse). Nous avons ainsi eu une intégrale des suites de Clérambault par deux artistes qui reviennent en 2026 pour un projet autour de Lebègue. L'an passé, les œuvres de Louis Marchand furent somptueusement servies par le Maître Daniel Roth et sa petite fille qui nous revient cette année avec un autre organiste pour nous faire entendre des pages de Jean-Philippe RAMEAU (6 juillet, 15h30).
Autre innovation cette année (et rien que pour celle-ci), l'après-midi musical et culturel. Deux séances musicales d'une heure par deux artistes différents entrecoupées par une excursion dans Vézelise à la découverte du patrimoine local. Les auditions auront lieu à 14h30 et 16h30 le 20 juillet. Deux maîtres des claviers seront aux commandes. L'immense Daria Burlak, qui est une fidèle de Vézelise, débutera à l'orgue seul dans un programme où virtuosité et musicalité ne font qu'un, puis c'est le non moins divin Pieter-Jan Belder qui nous régalera au clavecin et à l'orgue dans un programme concocté sur mesure. Il était important pour moi d'inviter pour ces festivités des artistes qui nous ont soutenu dès le départ. Le 27 juillet, mêmes horaires, mais cette fois-ci avec un autre duo de choc. Lidia Ksiazkiewicz vous fera pleurer par son jeu hypersensible à l'harmonium et vous mènera par le bout du nez dans ces interprétations à l'orgue. Et pour finir cette journée, c'est l'immense Jan-Willem Jansen qui déploiera tout son art dans un programme haut en couleur (après réflexion et discussion, ce ne sera pas l'Art de la fugue de Bach, mais nous ne perdons rien au change !).
Parmi les innovations de cette saison, il y a aussi la retransmission sur grand écran de tout ce qui se passe à la tribune !
Mais comme nous avons mis les petits plats dans les grands, nous organisons un concert en dehors de nos créneaux habituels. Le vendredi 1er août à 17h, c'est un ensemble de musique ancienne qui nous vient de Quimper qui nous fera voyager dans l'Italie baroque. La lecture du programme met en appétit.
Après une pause estivale, nous reprendrons le 14 septembre. Là aussi deux concerts. Difficile là encore de faire moins original. A 14h30, Jean-Luc Perrot (lui aussi un fidèle ami) grand claviériste devant l'Eternel viendra inaugurer l'harmonium d'art que nous sommes en train de restaurer. Et oui, nous aurons deux harmoniums à notre disposition ! Grand amateur de répertoire oublié, fantaisiste, et délicieux à souhait il saura tirer le meilleur de l'instrument dans des pages colorées et surprenantes. Après cette entrée en matière à 14h30, j'aurai le plaisir de jouer aussi ce nouvel instrument à 16h30 pour mettre en valeur des pages exclusivement de compositrices dans un programme pour deux voix et instruments. Je serai en excellente compagnie avec Anna et Lisa Sobolieva, toutes deux sopranos ukrainiennes. Vous entendrez entre autres œuvres, la messe de Cécile Chaminade. Il est vrai que je me produis peu à l'orgue pendant cette saison, mais je profite de l'instrument toute l'année, alors pour cette fête je cède volontiers la place aux amis.
Le point d'orgue (bon elle était facile...) de la saison sera la journée du 28 septembre. Etant le dimanche le plus proche de la fête des Saints Côme et Damien, patrons de Vézelise, il y aura le matin une messe en présence d'une chorale réunie pour la circonstance, et accompagnée par 3 organistes : un compositeur (Sylvain Boudou, organiste savoyard), une virtuose (Marie-Agnès Grall-Menet de Paris) et moi-même. Depuis quelques années, j'ai aussi institué un concert solidaire au cours duquel, l'argent récolté est remis à la mairie de Vézelise au profit des associations caritatives de la commune. Rappelons que tous nos concerts sont à entrée libre, mais nous organisons une quête... les artistes doivent aussi vivre, même s’ils aiment leur art.
L'après-midi à 15h30 nous aurons la création de l'intégrale du Livre d'orgue de Sylvain Boudou par M-A Grall-Menet. Initialement, cette œuvre devait être créée par Frédérque Gros, titulaire de l'orgue de la cathédrale du Puy, malheureusement décédée à l'âge de 42 ans. Nous sommes trois de ses amis et nous lui rendrons ainsi hommage. D'autres pages plus classiques sont au programme, mais il est important de montrer que des pages d'un autre style, d'une autre densité, d'une autre esthétique peuvent et doivent aussi être jouées. Sylvain Boudou nous fait l'honneur de cette création sur le somptueux instrument de Vézelise. C'est un événement rare et marquant dans la vie d'un organiste que prévoir et assister à ces festivités. On me dira que j'aurais pu attendre le tricentenaire... mais bon, je n’ai pas cette prétention. Je laisse ce projet à celui ou celle qui me succédera à la destinée de cet orgue.
A la fin de chaque temps musical, le public peut rencontrer les artistes autour d'un verre de l'amitié.
S.G. : D'autres événements auront-ils lieu autour de ce jubilé ?
D.D. : Effectivement, il y a déjà eu deux après-midis découverte les 2 et 22 juin. D'autres seront programmés ultérieurement. Mais le projet qui vient de s'achever au moment où je rédige ces dernières lignes a été très prenant mais très porteur. Toutes les classes maternelles et primaires de Vézelise sont venues à la rencontre de ce vénérable vieillard. Dans le cadre de la découverte du patrimoine, et préparé en amont avec la direction et toute l'équipe pédagogique de l'école, tous les élèves ont vu et entendu l'instrument. Chaque classe, après quelques explications adaptées selon leurs âges, est montée par petits groupes à la tribune. Et le soir, grand concert dans l'église par les chorales des enfants, et bien entendu devant une belle assemblée, l'orgue a introduit cette fête vocale pendant laquelle les enfants ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Après ce moment, j'ai eu des parents qui sont montés à la tribune pour découvrir "la bête". J'y ai vu le même regard émerveillé que celui de leurs enfants au cours de ces dernières semaines. Et que de questions pertinentes posées par ces jeunes ! Je suis un organiste heureux ! (et aussi un peu râleur parfois, mais bon, je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas). J'ai quitté la tribune vers 20h30, le concert des jeunes était fini depuis longtemps.
Pour rester dans le domaine des joies des sens, nous avons aussi pensé à satisfaire les papilles des amateurs. En évoquant nos festivités avec un brasseur local, l'idée a germé de sortir une série spéciale....L'orgue de Vézelise à désormais sa bière en tirage limité !!! C'est une ambrée (ma préférée) concoctée avec amour et passion par Eric Perdu, producteur de la bière bio, La Paumée. Quand je dis qu'à Vézelise il y a tout pour être heureux : un orgue extraordinaire, une bière divine, des chocolats à tomber raide et surtout de belles personnes bien impliquées dans la vie locale et prêtes à s'engager dans les projets des autres. Et que dire aussi de la municipalité et de son maire Stéphane Collin qui suit et soutient tout ce que nous entreprenons. Merci à tous !!!
Peut-être aurai-je le temps d'ici septembre de réaliser une expo photos sur l'orgue et l'église, et de publier aussi un ouvrage sur l'orgue et son histoire. Mais les journées n'ont que 24 heures...De même un projet de CD pour ces 250 ans est sous le coude...mais aurons-nous les finances pour le réaliser ?
S.G. : Vous êtes depuis 11 ans Président des Amis de l'Orgue de Vézelise et titulaire de l'instrument ? Quel a été votre parcours d'organiste ?
D.D. : Depuis 11 ans déjà, j'ai l'honneur de veiller sur ce patrimoine unique. Je mesure toute ma chance. Je suis venu à l'orgue après l'écoute d'un disque réalisé par le grand organiste allemand Helmut Walcha. Pour jouer de l'orgue il fallait faire du piano et apprendre le solfège. je me suis donc mis au travail. Au grand désespoir de ma professeure de piano, je ne voulais travailler que des pages de Bach. J'ai aussi joué Chopin, Debussy, Beethoven et Schumann. Mais l'orgue prenait le dessus. Je trainais mes parents aux concerts (Pierre Cochereau, Jean Guillou, ...), je les faisais passer en vacances par des visites d'églises toujours justifiées par la présence d'un orgue remarquable... De mes Vosges natales à Nancy, après être passé par l'Allemagne et le Pacifique (mon père était militaire), l'orgue était toujours présent. J'ai donc commencé par des cours particuliers avec Robert Rogier, concertiste et titulaire de l'orgue de Saint-Fiacre à qui j'ai succédé. Puis ce fut le Conservatoire, sous la coupe du "Grand Pierre", Pierre Cortellezzi, car grand il l'était physiquement, mais aussi par son humanité. Il m'a surpris un jour en me demandant de le tutoyer et de le remplacer à l'orgue de la cathédrale pendant ses vacances et ses absences. Quel honneur ! Entre temps, j'avais aussi été nommé à 27 ans titulaire de Saint-Fiacre après le départ de Robert pour enseigner à Paris. Et puis il eut des stages avec Frédéric Desenclos, musicien profond, et Daniel Maurer, un ami de longue date, artiste phénoménal doté d'une musicalité inouïe mais trop discret dans cet univers qui souvent n'est pas tendre. Et puis j'ai fait des choix, que je ne regrette pas, mais que Pierre Cortellezzi comprenait aussi. Il pensait que j'aurais pu faire carrière, mais une autre passion me tenait trop à cœur : l'histoire. J'ai donc fait tout mon cursus à Nancy. Après Lettres Sup au Lycée Poincaré, j'ai poursuivi à l'Université où j'ai eu la chance de suivre l'enseignement de professeurs d'exception, deux médiévistes (mon domaine fétiche), Michel Parisse et Michel Bur (devenu Académicien peu après) qui fut mon directeur de thèse et à qui je dois tant. J'ai eu cette chance d'apprendre et de travailler avec des enseignants pour lesquels j'ai le plus profond respect, toujours intact malgré les années passées et la disparition de Robert et Pierre. Michel Bur m'a appris la rigueur et l'exigence, Pierre m'a fait grandir et m'a insufflé le respect du texte, Robert m'a apporté le sens caché des partitions... Et puis, il y a mes parents qui m'ont toujours encouragé. Bref, entre les vieilles pierres, les vieux parchemins, les vieux tuyaux, les tribunes qui sentent le bois, j'ai réalisé mes souhaits, mes rêves... ça ne veut pas dire que je n'ai plus rien à faire et que j'arrête ! Non ! Entre temps, je me suis aussi mis au clavecin et plus récemment à l'harmonium, et si j'ai un peu délaissé les écrits latins du XIIIe siècle pour les archives musicales, je suis devenu encore plus curieux, ce qui explique peut-être l'originalité de mes programmes de concerts dans lesquels je préfère sortir des sentiers battus (et souvent tellement rebattus par d'autres) et surprendre le public avec quelques curiosités. SI ça peut vous rassurer, j'adore aussi jouer Bach, Buxtehude, Franck...Bach reste mon pain quotidien.
S.G. : En quoi êtes-vous attaché en particulier à l'Orgue de Vézelise, en sachant que vous êtes aussi titulaire de l'Orgue de l'Eglise Saint-Fiacre à Nancy ?
D.D. : Saint-Fiacre, là où tout a commencé. Le piano avait atteint ses limites, et puis il y eut ce concert de Cochereau à Saint-Fiacre.... Contact fut pris avec le titulaire pour y recevoir des leçons. Et de fil en aiguille, Robert menant sa carrière du Japon aux USA et se centrant de plus en plus sur ses cours à Paris, il me proposa de le remplacer définitivement, après m'avoir confié des remplacements et demandé l'aval du clergé et de Pierre Cortellezzi. Il y a à Saint-Fiacre une ambiance et une lumière qui me plaisent. Il y a aussi une tradition musicale imposée par Robert. J'y bénéficie donc d'une grande liberté et d'une grande place dans la liturgie, ce que j'ai aussi obtenu à Vézelise (où il y a à mon grand regret moins d'offices). L'orgue, sans abuser, se fait entendre et n'est pas réduit à une partie congrue de seconde zone. Les paroissiens bénéficient d'un répertoire riche et varié qui contraste souvent avec le misérabilisme musical de certains cantiques (c'est vrai que jouer un choral de Bach avant ou après une chansonnette permet de remettre les choses en place.... c'est vrai, je ne suis pas tendre avec certains pseudo-compositeurs de musique liturgique passés maîtres dans l'art de la pollution sonore). Les paroissiens ne s'en plaignent pas. Lorsque je suis absent, je délègue à un suppléant. Bien que restauré il y a une vingtaine d'années, l'orgue vieillit mal et ne donne plus le meilleur de lui-même. Je ne sais si un jour il sera restauré…à mon grand regret. Alors, je suis souvent à Vézelise ou à Domgermain, mes deux poètes.
Vézelise, c'est un coup de cœur. D'abord invité à y donner des concerts, le titulaire du moment, Gérard Hoffalt a trouvé que je faisais bien sonner l'instrument. Il m'a nommé adjoint, puis à sa retraite je suis devenu titulaire, avec nomination officielle par la paroisse. Ce qui au passage a hérissé quelques collègues (ceux qui me connaissent bien savent ce qu'il me démange d'écrire, mais que la décence m'interdit). Le monde de l'orgue n'est pas celui des Bisounours. Depuis onze ans de présence, j'ai cette chance de ne rencontrer que de belles personnes, des passionnés, des organistes renommés ou qui gagneraient à l'être, des musiciens doués qui avant tout ont une morale, une déontologie...et de l'humour ! Les autres ont compris qu'il fallait passer leur chemin...Un orgue comme celui de Vézelise se mérite. C'est un orgue pour passionnés ayant du cœur. Je passe beaucoup de temps à surveiller ses bruits, ses craquements, l'hygrométrie, l'accord, la propreté de la tribune, etc et aussi l'accueil des organistes qui souhaitent le découvrir et savent ce qu'est un orgue de cette trempe. J'ai du caractère, vous l'aurez compris. Parmi les visites qui s'annoncent dans quelques jours, rien moins que François-Henri Houbart, organiste honoraire de la Madeleine à Paris. L'organiste étant fatigué ou non, l'orgue sera accordé la veille. Un tel instrument se doit d'être présentable et jouable en permanence. Être titulaire d'un orgue historique, cela ne consiste pas qu'à poser les mains sur les claviers, c'est aussi donner du temps, de la sueur, réparer, grimper à l'échelle, manipuler avec précaution. C'est aussi la mission de préserver pour transmettre.
S.G. : Les Amis de l'Orgue de Vézelise et ceux de de l'Orgue de Domgermain qui date de 1720 s'associent chaque année pour un concert. Cela a été le cas en début de saison avec les Leçons de Ténèbres de François Couperin. En quoi, ce partenariat est-il important ?
D.D. : Domgermain, le plus vieil orgue du département. Parfait avec ses imperfections. Plus de 300 ans, et d'une poésie à couper le souffle et puis il y a l'ambiance intimiste de l'église Saint-Maurice, cette tribune de bois somptueuse, et ce petit orgue lui aussi rescapé de la Révolution. Les deux instruments se complètent bien. L'organisation de concerts en essayant de mutualiser les énergies des deux associations est nécessaire, surtout pour faire venir des artistes de loin ou pour essayer de s'en sortir financièrement. Les concerts sont à entrée libre pour permettre au plus grand nombre de venir entendre et découvrir. Je défends l'accès à la culture pour tous, mais combien de temps pourrai-je encore tenir ? Ensuite chacun donne selon ses moyens. Mais les artistes doivent aussi vivre de leur art. Il faut aussi savoir les dédommager, au moins rembourser leurs frais de déplacement et les héberger. Notre prochaine collaboration aura lieu le 1er août à Vézelise et le 2 août à Domgermain au même horaire avec l'ensemble breton Fiamma Focco, dans un programme différent de celui donné à Vézelise la veille (et en plus, ça tombe bien, puisque les concerts sont juste avant l'apéro !). Travailler avec Domgermain est une évidence musicale, culturelle, historique (Küttinger a réparé l'orgue de Domgermain en 1775, sa signature est dans le sommier !) et les deux instruments ont été restaurés par la manufacture Koenig (Domgermain a été restauré une première fois il y a plus de 20 ans par Didier Chanon qui lui a redonné sa noblesse). On nous a reproché récemment de dire que nous avions les deux instruments les plus anciens du département. Non seulement c'est une vérité, mais une évidence. D'autres orgues n'ont d'historique que leur buffet XVIIIe et une tuyauterie flambant neuve. Domgermain et Vézelise ont un pourcentage de tuyauterie ancienne qui en ferait rêver plus d'un. Mais bon, la Lorraine ne manque pas d'orgues de qualité et de différentes époques et aussi de très bons organistes.
S.G. : Merci Dominique Dantand d'avoir répondu à mes questions et bon jubilé !
Photos : Dominique Dantand
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Dominique Dantand fête les 250 ans de l'Orgue Küttinger de Vézelise en Lorraine.
A l'occasion des 250 ans de l'Orgue historique Küttinger (1775) de Vézelise, 2e orgue le plus ancien de Meurthe-et-Moselle et l'un des plus anciens de Lorraine, Dominique Dantand, son titulaire ...
Vidéo youtube pour les 250 ans de l'orgue
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Une saison événement pour les 250 ans de l'Orgue de Vézelise - Le blog de Stéphane Godet
Cette année, l'Orgue historique de Vézelise, en Meurthe-et-Moselle, fêtera ses 250 ans. A cette occasion, les Amis de l'Orgue ont organisé une saison de concerts à la hauteur de l'événement ...
La saison des 250 ans de l'Orgue de Vézelise
Site internet officiel des Amis de l'Orgue de Vézelise