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Il est parfois utile et même sain de s’offusquer de certaines dérives dont notre belle République est le théâtre.

Récemment, le directeur-adjoint d'une vénérable institution musicale française en a été nommé le directeur général par le Ministre de la Culture, en remplacement du directeur précédent interdit de rempiler pour cause d'âge limite l'obligeant à prendre sa retraite (paradoxe dans un pays où on devra travailler de plus en plus longtemps).

 

Ancien administrateur d'un ensemble musical qui a pris une place très importante dans le paysage musical, et qu'il programme d'ailleurs régulièrement dans son institution, il a su gravir tous les échelons de la politique culturelle publique de notre pays, ce dont on ne peut que le féliciter.

 

Toutefois, déjà en tant que directeur-adjoint de l'organisme en question, il était aussi le co-directeur d'un autre lieu de programmation emblématique de la capitale, et programmateur d'une autre institution culturelle majeure qui vient d’être inaugurée en grande pompe. Il était également  le directeur artistique d'un festival, mais aussi le fondateur d'une société de production et de placement d'artistes dans laquelle il puisait toujours largement de quoi alimenter la programmation de son théâtre. Enfin, il a commis au moins un livre, quoi de plus normal, lorsqu'on est candidat aux plus hautes fonctions dans notre pays, ce qu'on ne saurait d'ailleurs lui reprocher, si son agenda déjà bien chargé lui permet encore d'écrire.

 

Il est à signaler que la directrice artistique de l'ensemble musical susmentionné était aussi sur les rangs pour prendre la direction de la dite institution. Nulle concurrence dans cette double candidature qui, au final, ne sert que les mêmes intérêts. Il s'agissait sans doute de faire croire au béotien qu'une vraie bataille existait pour le poste alors qu'en réalité, il n'y avait au fond que deux candidats, et pas trois.

 

Selon l'Oxfam, 67 personnes dans le monde (entre temps, ce nombre a encore baissé), détiennent l'équivalent de la richesse de la moitié des habitants de la planète, phénomène de concentration qui ne cesse de s'accélérer. Dans notre exemple, il s'agit d'un phénomène de concentration des pouvoirs dans le secteur culturel qui est sans précédent.

 

Les deux personnages en question qui ont construit ensemble un vrai mécano culturel public-privé se répartissent à eux deux les postes et fonctions suivantes :

- direction d'une institution musicale publique majeure,

- co-direction d'un autre lieu de programmation subventionné,

- ancienne direction d'une agence artistique et de production,

- direction artistique respective passée ou présente de festivals,

- direction artistique d'un ensemble musical subventionné par deux régions, deux directions régionales des affaires culturelles de l’Etat, et du mécénat privé interchangeable,

- direction artistique d'un ensemble de jeunes musiciens et d'un programme de formation au sein d'une structure publique de formation artistique,

- création d'un outil pour musiciens qui équipe tous ses ensembles et bien d'autres,

- direction d'un programme européen, financé comme tel, sur des fonds européens,

- création d'une société de location de studios de répétitions et de bureaux,

- direction artistique d’un orchestre indépendant désormais en résidence permanente dans une nouvelle institution musicale récemment inaugurée,

- et je dois sans doute en oublier !

 

Au fait croyez-vous vraiment que cela soit possible, ou le fruit d’un cauchemar...?

 

Allez, selon la formule consacrée, mieux vaut dire que toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé, est bien sûr totalement fortuite !

 

 

Tag(s) : #Politique culturelle, #Culture, #Paris, #Musique, #Spectacle vivant, #Festival, #France, #Secteur culturel, #Mediapart
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