Avant de célébrer Beethoven lors de plusieurs concerts, les Nancyphonies ont honoré la mémoire de Boris Vian, dont on fête cette année le centenaire de la naissance, avec un récital piano-chant original à plus d’un titre, en guise d’ouverture du festival, ce mercredi 21 octobre à Seichamps.
Il est rarement donné d’entendre un contre-ténor dans un récital de mélodies. On a plus souvent l’occasion de rencontrer cette tessiture dans la musique baroque voire contemporaine. Il est encore plus rare que le contre-ténor change de registre dans le même concert, passant de sa voix de contre-ténor à sa voix « naturelle » de baryton, et vice versa, au gré des mélodies. Pourtant, malgré la difficulté que cela représente, c’est ce que Robert Expert a réalisé pendant tout ce récital, accompagné au piano par Hugues Leclère, directeur des Nancyphonies.
Construit autour de Boris Vian, le programme a permis de révéler la parenté pouvant exister entre ses chansons et les mélodies d’autres compositeurs de la première moitié du XXe siècle. Touche-à-tout de génie, tantôt poète, écrivain, parolier, musicien de jazz, compositeur, critique musical, chanteur, etc, il aura sans doute entendu les mélodies de De Falla, Satie, Poulenc, Hahn et d’autres.
Aura-t-il entendu également les mélodies de Henri Collet, compositeur français quelque peu oublié aujourd’hui qui trouva son inspiration en Espagne et sera influencé par Albeniz et De Falla ? C’est l’autre découverte de ce récital.
Composé de beaucoup de mélodies espagnoles ou argentines, le récital a atteint son climax avec les mélodies des deux compositeurs argentins Ginastera et Ramirez, encadrées par un cycle de quatre chants populaires et un chant pour piano seul de Manuel de Falla. Robert Expert semble être ici en symbiose avec ce répertoire, soutenu par l’accompagnement d’Hugues Leclère.
Francis Poulenc est également à l’honneur avec plusieurs mélodies dont le réjouissant « Bestiaire » et deux improvisations pour piano dont la 15e parmi les plus connues suscite toujours beaucoup de plaisir.
Après une première chanson, « Ta peau contre ma peau », de Boris Vian, en introduction du récital, Robert Expert et Hugues Leclère clôturent la soirée avec six chansons dont la fameuse « Complainte du progrès ».
Lorsqu’on a été baigné par Boris Vian lui-même, on peut avoir besoin d’un temps d’adaptation pour apprécier l’interprétation de Robert Expert qui en donne une version personnelle en adéquation avec le reste du récital. Pour le coup, était-il vraiment nécessaire d’amplifier le chanteur juste pour Boris Vian ?
A signaler l’excellente acoustique de la salle de l’Espace socio-culturel de Seichamps, ce qui n’est pas toujours le cas des salles municipales polyvalentes de France et de Navarre.
Lien vers le site internet officiel des Nancyphonies