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Il y a peu de temps, je me suis entretenu avec un jeune prêtre au sujet du fonctionnement de l'Eglise catholique suite au scandale des abus sexuels. En effet, je me demandais si l'Eglise avait modifié son fonctionnement depuis. Or, selon lui, rien n'a changé.
Depuis 2000 ans, l'Eglise catholique est organisée de manière pyramidale et sa gouvernance s'exerce de manière verticale, le pouvoir de décision étant concentré entre les mains de quelques uns et les décisions rarement prises de manière collégiale.
Ainsi, l'évêque, plus haute autorité de l'Eglise hors du Vatican, est assisté d'un conseil épiscopal et d'un conseil élargi qu'il peut convoquer ou pas et dont il peut écouter les avis ou pas. Il reste souverain dans ses décisions dont il ne répond que devant le Pape, sans aucun échelon intermédiaire.
Quelque soit le niveau hiérarchique, les décisions sont peu discutées. Les curés eux-mêmes ont une grande liberté d'action et de décision dans leurs paroisses. Eux aussi sont entourés d'une équipe paroissiale mais ils peuvent prendre leur décision en toute souveraineté.
Peu de collégialité mais aussi peu de transparence, dans une organisation qui cultive une certain goût du secret.
Depuis le rapport Sauvé, l'Eglise a mis en place un fonds d'indemnisation et a décidé de ficher ses prêtres en leur attribuant une carte de bonne conduite affichant une couleur qui indique leur statut au regard de potentielles condamnations. Un fichage qui rappelle de bien mauvais souvenirs et qui a surtout été l'occasion d'une vaste opération de communication "mani pulite" par le médiatique Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, alors que les prêtres ne sont pas obligés de s'y conformer.
C'est dire que, dans ce contexte d'immobilisme, l'Eglise risque de ne pas faire preuve de beaucoup plus de réactivité face à de nouveaux cas d'abus sexuels.
Le film "Grâce à Dieu" de François Ozon nous remémore cet immobilisme de l'Eglise et notamment de l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, dans l'affaire du Père Bernard Preynat qui a abusé de mineurs pendant vingt ans.
Reflet de la réalité, le film retrace le parcours de vie très différents de trois hommes victimes de ce prêtre, interprétés par Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud et leur combat face à une Eglise figée dans le silence. De là, naîtra l'association La Parole libérée.
Le cardinal Barbarin, prévenu d'avoir omis de déclarer les faits à la justice, sera condamné en première instance mais relaxé par la Cour d'Appel et la Cour de Cassation en 2021. Il démissionnera de sa charge d'archevêque.
A voir absolument sur arte.tv
L'Eglise catholique après "Grâce à Dieu" de François Ozon
Tag(s) : #Eglise catholique, #France, #Abus sexuels, #Père Preynat, #Cardinal Barbarin, #Grâce à Dieu, #François Ozon, #Melvil Poupaud, #Denis Ménochet, #Swann Arlaud, #Arte.tv
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