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Au même titre qu'à Bordeaux, Strasbourg ou Montpellier (cf. article Télérama), à Nancy, le jeune directeur de l'Opéra national de Lorraine, Matthieu Dussouillez doit sans doute lui aussi ruser chaque jour pour optimiser dépenses et recettes afin d'assurer une saison digne de ce nom dans une maison labellisée opéra national, avec pour seul plaisir d'avoir son bureau place Stanislas.
A coup de coproductions à deux, trois ou quatre théâtres lyriques (Don Pasquale, Le Lac d'Argent, Les Capulets et les Montaigu)*, d'opéras baroques achetés clés en main (David et Jonathas)*, d'ouvrages donnés en version de concert ou semi-scénique (Idoménée)* ou d'œuvres non lyriques mises en espace (La Création)*, il sauve les meubles.
D'autant que la saison s'enrichit de beaucoup d'autres propositions notamment en direction du jeune public, sans compter les concerts de l'orchestre, la musique de chambre, le chœur, etc qui bouchent les trous et font oublier qu'il n'y a plus que trois ouvrages lyriques en coproduction avec mise en scène proposés en 2023-2024.
Son diplôme de l'Institut Commercial de Nancy et son expérience de directeur financier de l'Opéra de Dijon doivent servir à Matthieu Dussouillez tout autant que ses compétences musicales. Du reste, aujourd'hui, les opéras et plus largement les structures culturelles sont de moins en moins souvent dirigées par des artistes. Ce sont des chefs de projet aux compétences de gestionnaire dotés de bonnes connaissances artistiques, garants de la bonne utilisation des fonds publics et devant aller chercher ce qui manque dans le privé.
Or, avec des financements publics en baisse, des recettes de billetterie difficiles à augmenter après des années à démontrer que l'opéra n'est pas fait que pour les riches, et un mécénat privé difficile à mobiliser dans un pays qui n'a pas encore fait sa révolution anglo-saxonne, et ce malgré un cadre fiscal parmi les plus avantageux au monde, la quadrature du cercle est difficile à résoudre.
Moyennant quoi, les salles sont pleines et le public en redemande.
Comparée à l'Allemagne, la France n'est déjà pas le pays le plus musical d'Europe. La fermeture de théâtres lyriques serait donc un bien mauvais signe donné à la culture et à la musique en général.
Et ce, même si l'opéra est un art exigeant qui demande un minimum d'efforts pour être apprécié. On ne va pas voir "La Walkyrie" comme on va voir "Mamma Mia" de même qu'on ne lit pas Kafka comme les aventures d'Astérix et Obélix. C'est tout un travail d'initiation à faire dans les écoles et les familles pour donner ce goût de l'effort. Mais je crains fort qu'à l'heure des désirs satisfaits à la demande, il ne soit devenu complètement anachronique et vain par avance.
* Saison 2023-2024
Photos @ DR
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