Hier, jour de l'ouverture du Festival de Cannes, le Garde des Sceaux - Ministre de la Justice, Eric Dupont Moretti, en comédien qu'il est aussi sur scène et au cinéma, a versé sa larme devant les caméras suite à l'assaut mortel du fourgon de l'administration pénitentiaire faisant deux morts chez ses agents, cf. article Est Républicain ci-après.
Lui et d'autres politiques vont peut-être encore brandir tel un hochet les 15000 nouvelles places de prison annoncées depuis belle lurette alors que la France est déjà le pays qui incarcère le plus en Europe et son collègue de l'Intérieur la lutte contre le trafic de drogue qui ne semble pas une réussite depuis le temps qu'on en parle.
Côté prison, beaucoup de détenus n'ont rien à y faire car ils relèvent davantage de la psychiatrie. Or, celle-ci est devenue le parent pauvre de la médecine et ne peut plus les prendre en charge du fait d'une baisse drastique du nombre de lits et du nombre de soignants ces quarante dernières années.
Résultat, après jugement, beaucoup de condamnés malades psychiatriques finissent derrière les barreaux avec des surveillants dont le rôle n'est pas d'être des infirmiers psys et où ils occupent autant de places inutilement. En passant, une journée de prison coûte moins cher qu'une journée en HP, calcul cynique mais réel des pouvoirs publics.
Par ailleurs, sous la pression de l'opinion publique mais peut-être plus encore des politiques, les magistrats français envoient plus facilement les prévenus en prison que leurs homologues d'autres pays européens comparables à la France, alors qu'il existe déjà beaucoup de mesures alternatives à la détention qui seraient moins délétères et pour le condamné et pour la société. Certains pays l'ont bien compris qui n'incarcèrent plus en dessous de six mois ou un an de prison, ce qui ne veut pas dire que les peines de substitution ne soient pas sévères.
D'ailleurs, nos chers politiques quand ils sont condamnés à un an de prison finissent-ils derrière les barreaux ? Non. Ils bénéficient d'un aménagement de peine sous forme de bracelet électronique ou autre.
Pourquoi celui qui risque de perdre son emploi, son logement, etc s'il se retrouve incarcéré ne bénéficie-t-il pas du même traitement ?
Je m'arrête sur cette question après ces quelques considérations rapides forgées sur l'expérience mais le sujet est vaste et mérite qu'on y consacre du temps et des moyens pour ne pas aboutir à des mesurettes ou des effets d'annonce sans lendemain, ce qui hélas risque d'arriver au vu des échéances électorales à venir à court et moyen terme.
Sur l'état des prisons en France, lire l'article ci-joint de l'Est Républicain paru aujourd'hui suite à la publication du rapport annuel de la Contrôleuse Générale des Lieux de Privation de Liberté.