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Evénement incontournable de la vie culturelle nancéienne, Le Livre sur la Place est devenu au fil du temps le 1er salon national de la rentrée littéraire française.

Des dizaines d’auteurs se retrouvent dans la Cité Ducale pour des entretiens, conversations, tables rondes, etc et pour rencontrer leurs lecteurs.

Cette année, les conditions sanitaires imposées par la crise que l’on connaît ont obligé les organisateurs à se passer de l’immense chapiteau accueillant le public et les auteurs et à repenser sur dix jours le salon, habituellement organisé sur un week-end.

Au final, la foule et le bruit du chapiteau ont cédé la place à des échanges et dédicaces avec les auteurs dans le cadre plus calme et feutré de l’Hôtel de Ville, de la Préfecture, du Musée des Beaux-Arts, de l’Opéra National de Lorraine, etc.

Voici quelques réminiscences de ces rencontres en commençant par Jean-Christophe Rufin et Franz-Olivier Giesbert.

En effet, Jacques Julliard, programmé initialement mais finalement indisponible, c’est Jean-Christophe Rufin que Franz-Olivier Giesbert a soumis avec l’esprit qu’on lui connaît au feu de ses questions dimanche 13 septembre à 11 heures à l’Opéra national de Lorraine.

Le journaliste et écrivain "FOG", comme on le surnomme parfois, a invité le médecin, humanitaire, diplomate, écrivain, Prix Goncourt et Académicien Français, excusez du peu, à passer sa vie en revue au rythme d’une psychanalyse en une heure et en public.

Jean-Christophe Rufin, allure sportive, décontractée, polo orange déchiré sous la manche droite, et Franz-Olivier Giesbert, costume clair, chemise bleue et cravate rouge, ont incarné les deux personnages de cette pièce en un acte.

Jean-Christophe Rufin, malgré tous les qualificatifs énoncés ci-dessus, a insisté sur le fait qu’il se définissait d’abord comme médecin, et ce malgré une carrière hospitalo-universitaire de neurologue prometteuse mais relativement courte. Médecin un jour, médecin toujours comme son grand-père médecin de campagne dans le Cher dont il se souvient avec quelle parcimonie de moyens il exerçait son métier qui relevait plutôt du bon sens et de la débrouille. Jean-Christophe Rufin n’a-t-il pas d’ailleurs lui-même exercé dans une maternité pendant son service en coopération. Il en garde d’ailleurs la certitude que l’acte le plus important en médecine est le diagnostic et qu’un bon médecin est un médecin qui sait le pratiquer. Aujourd’hui, on recourt beaucoup trop facilement, selon lui, à une batterie d’analyses et d’examens inutiles et coûteux que les moyens technologiques actuels nous permettent.

A propos de la crise sanitaire actuelle, il regrette que les médecins qu’on entend et qu’on voit à longueur de journée dans les médias ne soient pour la plupart pas qualifiés pour parler de la covid-19. Il conseille de vérifier « d’où un médecin parle ». Ainsi, par exemple, il invite à fuir tel dermatologue en retraite invité pour donner ses conseils à propos de l’épidémie.

Finalement, plutôt que de suivre les méandres du mandarinat, il a préféré tenter l’aventure de l’humanitaire, se lançant dans la création de Médecins sans Frontières, puis plus tard présidant aux destins d’Action contre la Faim.

Pendant ces années-là déjà, il fait une première incursion dans la diplomatie, en étant nommé attaché culturel et de coopération au Brésil, une expérience qui nourrira ses futurs écrits. Plus tard, il sera même nommé au poste prestigieux d’Ambassadeur du Sénégal et de Gambie. Ces deux expériences lui font penser avec le recul que les outils finalement les plus utiles de la diplomatie sont les consulats qui remplissent une vraie mission au service des Français à l’étranger. Le reste, selon lui, on pourrait s’en passer, car au fond, dit-il, les diplomates sont souvent des fainéants. C’est d’ailleurs là un trait de caractère qu’il prête au consul Aurel Timescu, dont il décrit les aventures dans une série arrivé à son troisième volume avec « Le flambeur de la Caspienne » sorti à la rentrée.

L’écriture est venue relativement tard finalement dans ce parcours jalonné de succès professionnels. Il fallait sans doute toutes ces tranches de vie pour donner naissance à une œuvre littéraire aussi riche et abondante.

Dès ses premiers romans, « L’Abyssin » suivi de « Sauver Ispahan », le décor est planté. Jean-Christophe Ruffin nous racontera des histoires qui feront voyager ses lecteurs dans le temps et l’espace, souvent dans des contrées qu’il a lui-même arpentées.

Viendra plus tard « Rouge Brésil » avec lequel il décrochera le Graal de tout écrivain, le Prix Goncourt.

Ses romans sont des succès de librairie. Il faut dire qu’ils ont tout pour plaire. Ecrits dans un style relativement classique avec le sens de la narration et un certain souffle, ils l’ont conduit tout droit à l’Académie Française. Devenu immortel, lui le médecin, l’humanitaire qui a passé une bonne partie de sa vie à soigner les corps, il s’évertue désormais à alléger le fardeau des âmes avec des mots.

Crédit photo couverture : Ville de Nancy

Franz-Olivier Giesbert (DR)
Franz-Olivier Giesbert (DR)

Franz-Olivier Giesbert (DR)

Tag(s) : #Le Livre sur la Place, #Littérature, #Nancy, #Lorraine, #Salon littéraire
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