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L’Opéra National de Lorraine a l’habitude de nous faire découvrir des ouvrages oubliés. Avec Görge le rêveur d’Alexander von Zemlinsky, qui ouvre la saison lyrique nancéienne 2020/2021, il fait honneur à sa réputation.

Commandée par Mahler, alors directeur de l’Opéra d’Etat de Vienne, l’œuvre ne fut finalement jamais créée et dormit pendant 75 ans au fon d’un tiroir avant d’être redécouverte et enfin donnée pour la première fois en 1980 à l’Opéra d’Etat de Nuremberg. L’Opéra National de Lorraine offre ici à Zemlinsky la création française de son œuvre dans une version toutefois adaptée pour orchestre de chambre par Jan-Benjamin Homolka.

Inspiré d’un cycle de trois poèmes de Heinrich Heine et d’un conte, Le Royaume invisible, de Richard von Volkmann-Leander, le livret de Görge le rêveur est lui-même un conte décrivant un jeune homme aux prises avec ses rêves qui l’éloignent d’une réalité dont il fuit la trivalité et la violence.

Composé en 1906 à Vienne, l’opéra est avant tout le portrait d’un personnage à la psychologie complexe, évoluant dans un univers dans lequel il ne se reconnait pas et dont il cherche à s’échapper en vivant dans ses rêves.

La fuite dans l’imaginaire est bien en rapport avec l’époque de composition de l’ouvrage. Sigmund Freud publie l’interprétation des rêves en 1900, acte fondateur de la psychanalyse mais bien au-delà, source d’inspiration de beaucoup de mouvements intellectuels et artistiques.

Baigné dans cette atmosphère, l’opéra se déroule en en 2 actes et un épilogue, qui dépeignent l’évolution du personnage entre songes et réalité. Pas de grands rebondissements, on est dans un portrait psychologique qui alterne tensions et moments de relâchements.

La mise en scène de Laurent Delvert ne ménage pas non plus de grands effets, et accompagne le récit par des mouvements de décor latéraux de part et d’autre d’un ruisseau qui s’écoule d’une colline. Les jeux de lumière, les effets pyrotechniques, les fumigènes signent une scénographie tout en subtilité.

Bien sûr on aurait rêvé d’entendre l’opéra dans sa version originelle, avec son effectif orchestral au complet. Contemporain de Mahler qui lui a commandé l’opéra sans pouvoir le créer, Zemlinsky manie en effet comme lui les grands effectifs. Toutefois, l’adaptation qui a en été faite notamment pour des raisons liées à la crise sanitaire respecte la partition et réussit même à donner l’illusion de la masse orchestrale.

Le plateau vocal très homogène est toutefois dominé par le Heldentenor américain Daniel Brenna qui a relevé le défi d’apprendre ce rôle très lourd au pied levé, en quinze jours. Mention spéciale pour le baryton-basse allemand Wieland Satter, dans le rôle de Kaspar, pour sa projection vocale exceptionnelle et les interventions du chœur en effectif réduit lui aussi tout aussi brillantes.

La jeune cheffe polonaise Marta Gardolinska dirige l’ensemble avec beaucoup de souplesse et d’efficacité, au service de cette musique chatoyante propre au style de Zemlinsky.

 

Photos de plateau (DR : ONL)
Photos de plateau (DR : ONL)
Photos de plateau (DR : ONL)

Photos de plateau (DR : ONL)

Tag(s) : #Opéra national de Lorraine, #Görge le rêveur, #Alexander von Zemlinsky, #Nancy, #Lorraine
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