Librement adaptée du monodrame de Jean Cocteau créée en 1930, le court métrage La voix humaine (2020) de Pedro Almodovar nous plonge dans le désespoir d'une femme qui vient d'être abandonnée par son amant.
D'abord prise dans un monologue, elle reçoit enfin son appel, mais on entend qu'elle dans cette conversation dont le ton monte crescendo jusqu'au dénouement final.
Almodovar filme cette femme dans son appartement qui s'avère être aussi un décor de cinéma, un espace par conséquent réel et fictif à la fois, physique mais aussi mental dans lequel elle est enfermée, comme piégée contre son gré dans l'attente de son amant, mais peut-être aussi avec son propre consentement, jusqu'à ce qu'elle arrive enfin à se libérer de cette soumission physique et psychique.
Décors et costumes aux couleurs primaires et chaudes nous rappellent l'univers visuel du cinéaste espagnol qui a convoqué toute sa famille sur ce projet et son compositeur fétiche Alberto Iglesias qui signe une très belle B.O.
L'actrice britannique Tilda Swinton, quasiment seule à l'écran du début à la fin, hormis la présence du chien de son amant (en ce moment, les chiens sont à l'honneur au cinéma, cf. Anatomie d'une chute de Justine Triet) est remarquable.
A signaler la magnifique mise en musique de La voix humaine (1958) par Francis Poulenc interprétée par Barbara Hannigan et l'Orchestre Philharmonique de Radio-France.
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