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Il était une fois une personne qui se retrouvant au chômage va naturellement s'inscrire à Pôle-Emploi.

Faisant preuve d'honnêteté, elle déclare avoir souscrit depuis quelques mois au statut d'auto-entrepreneur, qu'elle désire conserver au cas où elle trouverait des missions qu'elle pourrait ainsi facturer en toute légalité, en les déclarant à l'URSSAF et à Pôle-Emploi.

Une fois son inscription administrative effectuée, elle rencontre un premier conseiller pour son suivi dans un Pôle-Emploi Cadres. Celui-ci l'inscrit dans un séminaire pour apprendre à développer son réseau, tout en l'informant qu'elle changera de conseiller, suite à une réorganisation de l'agence.

Les mois passent, et notre demandeur d'emploi rencontre peu avant l'été un nouveau conseiller, en l'occurrence, une conseillère, qui le reçoit en espadrilles (je rappelle qu'on est dans une agence Cadres) plus de huit mois après son inscription. Celle-ci lui conseille gentiment de prendre des vacances pour faire le vide et lui présente les dispositifs permettant d'aller chercher du travail à l'étranger tout en conservant ses indemnités pendant un certain temps. Elle lui rappelle qu'en France, il est très difficile de changer de secteurs.

L'été passé, elle reçoit à nouveau notre demandeur d'emploi. Avez-vous pris des vacances ? lui demande-t-elle. Ben, euh, pas vraiment, faut bien chercher du travail, rester en alerte, lui répond-il. Allez donc faire le vide dans un monastère ou un quelque chose dans ce genre ! lui rappelle-t-elle, toujours en espadrilles.

Finalement, il décide de passer à la vitesse supérieure, et demande un "suivi renforcé". On lui affecte une troisième conseillère. Il aura ainsi eu en un an quatre rendez-vous avec trois conseillers différents.

L'emploi approche peut-être mais avec une rémunération bien inférieure à ce qu'il avait avant de se retrouver au chômage. Il appelle donc le 3949, le standard de Pôle-Emploi, pour avoir des renseignement sur les dispositifs de compensation de revenus, en cas de reprise d'activité avec un revenu inférieur au précédent.

Et là, il apprend que depuis son inscription, il est déjà dans ce type de dispositif. Déclaré auto-entrepreneur, il est considéré depuis un an comme créateur d'entreprise et inscrit d'office dans un dispositif de compensation de revenus, qui s'arrêtera dans trois mois avec l'arrêt du versement de toute indemnité, et ce alors qu'il n'a jamais touché plus que ce à quoi il avait droit comme demandeur d'emploi.

Il n'a jamais été informé de ce dispositif à son inscription, même s'il a reçu des courriers abscons, qu'il aurait fallu pouvoir décrypter pour les comprendre.

Il en informe sa nouvelle conseillère qui lui répond qu'il n'a qu'à renoncer à son statut d'auto-entrepreneur, même si une mission pourrait toujours tomber un jour, qu'il devrait alors refuser. En passant, tant pis si l'Urssaf perdrait des cotisations, l'Etat des impôts à recouvrer et Pôle-Emploi un demandeur d'emploi à nouveau en activité même ponctuelle.

Il se déplace dans l'agence Cadres, où, la personne à l'accueil, au demeurant charmante et attentive à son problème, lui conseille de facturer des honoraires sans statut, prétendant que cela est possible fiscalement jusqu'à 50000 euros, sans donc verser aucune charge sociale à personne.

Moralité 1 : En un an, notre demandeur d'emploi aura eu trois rendez-vous quasiment inutiles à Pôle-Emploi et se sera retrouvé dans une situation kafkaïenne, qu'il aura eu quand même la chance de découvrir en téléphonant par hasard à Pôle-Emploi.

Moralité 2 : Si vous voulez être honnête, réfléchissez-y à deux fois. Cela peut vous mettre dans des situations fâcheuses auxquelles vous n'auriez pas pensé.

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé et des situations de la vie réelle, sont bien sûr fortuites.

 

Petite fable moderne, ou les tribulations d'un chômeur à Pôle-Emploi !
Tag(s) : #Emploi
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