En ces temps troublés de crise économique, qui ne sont pas sans rappeler les pires jours qu'a connu le 20e siècle à l'orée de la 2e guerre mondiale, la culture doit être le fer de lance des candidats de progrès car c'est elle qui rassemble les peuples au-delà de leurs différences, au lieu de les opposer, comme les encourage si bien la compétition économique, quitte à s'entre-tuer, pour l'accès au pétrole, à l'eau, enjeux géo-politiques majeurs, ou toute autre matière vitale à la marche économique, peu à peu devenue machine à broyer l'humain au service des intérêts financiers particuliers.
Face à tous ces heurts, toutes ces tensions qui s'exhacerbent aujourd'hui et que certains croient devoir attiser par leur discours xenophobe, homophobe, etc, bref contre toute forme d'altérité, que faut-il faire ?
Il faut lire et relire le généticien-philosophe qui devrait être enseigné dans toutes les écoles, je veux parler du Professeur Albert Jacquard, qui explique très simplement comment l'altérité est non pas un danger mais un enrichissement, combien additionner nos différences nous rend plus forts, nous démultiplient et combien la compétition nous affaiblit, et entraîne une soustraction et non une addition.
Il explique que tout ce qui exacerbe la compétition, comme c'est le cas dans nos sociétés gouvernées par les marchés, régis soi-disant par la main invisible et bienfaisante théorisée par l'économiste du libéralisme économique Adam Smith - ne produit que de la négation au lieu de produire de la valeur ajoutée.
Beau paradoxe d'un système économique érigé en parangon de la liberté d'entreprendre et d'agir à travers la marchandisation de toute chose sensée résoudre tous nos problèmes, que d'aboutir à nous faire nous opposer les uns aux autres au lieu de développer l'entraide, la compréhension et l'enrichissement humain mutuels.
Nous soustraire de l'Europe serait un non-sens de ce point de vue-là car c'est enrichissement humain permanent que de vivre dans un grand ensemble de 28 pays qui s'unissent pour construire un avenir commun.
En revanche, trouver les moyens de mieux gérer cette crise européenne en ajoutant l'échelon manquant à cette construction bancale qui a créé l'instrument monétaire avant de créer l'échelon de celui qui va en user, à savoir l'échelon politique, voilà l'enjeu d'aujourd'hui qui requiert une volonté politique forte et j'ose l'écrire le transfert d'une partie supplémentaire de notre souveraineté.
Voilà le pas à franchir, accepter chacun de perdre un peu de ses prérogatives pour que tous ensemble, nous soyons plus forts. Bref, ne pas se recroqueviller sur soi devant ce qui est la solution mais oser franchir le pas qui reste et que les fondateurs de l'Europe n'ont pas pu faire à leur époque.
Mais parler de la construction européenne sous l'angle politique ne suffit pas, il faut encourager toute forme de coopération culturelle permettant la compréhension mutuelle afin d'éloigner l'hydre qui sort de sa grotte en ce moment pour nous séparer et stigmatiser celui qui soi-disant serait la cause de nos maux.
L'enjeu culturel et éducatif est majeur de ce point de vue car c'est lui qui va permettre aux peuples européens de mieux se comprendre, et par là d'avoir envie de créer cette entité politique manquante à cette Europe qui s'est transformée peu à peu en grand marché dérégulé livré aux appétits les plus féroces.
Il faut donc soutenir si nous voulons que notre Europe perdure et ne se fissure pas plus, toute initiative de coopération culturelle au sens large.