Si l’enfermement sera toujours en question (cf. précédent article sur NOX#1 et 2), faisant écho au thème de la nuit de la saison qui s’achève, la saison 21/22 se déroulera toutefois sous le signe de la lumière.
Côté enfermement, on retrouvera l’opéra « Ariane et Barbe Bleue » de Paul Dukas avec l’excellent baryton-basse Vincent Le Texier, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni, désormais un habitué de l’Opéra National de Lorraine (ONL). Avant et après "Arianne et Barbe Bleue", la saison lyrique réservera, comme souvent, de belles surprises, de quoi satisfaire tous les goûts, du baroque à la musique d'aujourd'hui, du « Palais Enchanté » de Rossi par Leonardo García Alarcón de retour avec sa Cappella Mediterranea à « Julie » de Boesmans, en passant par « La Flûte Enchanté » de Mozart, « Fortunio » de Messager mis en scène par Denis Podalydès et dirigé Marta Gardolińska, nouvelle directrice musicale de l’ONL et « Tosca » de Puccini servi par une distribution qu’on nous promet de tout premier plan. Une adaptation de l’Opéra « Orphée et Eurydice » de Gluck sera donnée avec le Théâtre de la Manufacture. On pourra juste regretter que l’opérette dans ce qu’elle a de plus noble ne fasse plus du tout partie de la programmation de l’Opéra, tant ce genre est riche et apprécié du public.
De l’ombre à la lumière, c’est aussi le fil rouge de la saison symphonique de l’ONL qui accueillera pour la première fois deux concerts du Chœur de l’Opéra. C’est d’ailleurs ce dernier qui ouvrira la saison avec un programme entièrement dédié à la musique romantique allemande (Schubert, Brahms, Rheinberger) sous la direction de son chef Guillaume Fauchère. On le retrouvera également plus tard dans la saison dans un programme de musique française (Berlioz, Franck, Fauré, Boulanger, etc) qui donne déjà envie d'y être. Quelle heureuse idée de mettre ainsi à l’honneur ces chanteurs toujours excellents dans les productions lyriques !
Leurs collègues percussionnistes seront aussi à l’honneur en fin de saison dans un alléchant programme de Vivaldi à Xenakis.
Trop tôt disparu en 1990, le jeune compositeur afro-américain Julius Eastman fera l’objet d’un concert-hommage avec le CCAM-Scène Nationale de Vandœuvre. Quatre pianistes parmi lesquels Nicolas Horvath et Wilhelm Latchoumia interprèteront la trilogie autobiographique et manifeste : « Evil Nigger », « Crazy Nigger » et « Gay Guerilla ».
Le centenaire de la naissance d’Astor Piazzola, qui comme l'anniversaire de Beethoven en 2020 n’aura pas eu toute l’ampleur méritée, sera quant à lui célébré en novembre par le Quatuor Stanislas.
Comme souvent à Nancy, les programmes des concerts symphoniques affichent des raretés qui suscitent toujours l’intérêt du mélomane curieux. Ainsi de : « D’un matin de printemps » de Lili Boulanger, la « Rhapsodie pour clarinette et orchestre" en mi bémol de Claude Debussy, le "Concerto pour orchestre" de Witold Lutosławski, le "Concerto pour violon et orchestre" en la majeur de Mieczysław Karłowicz, et d’autres encore.
A signaler également la création mondiale au printemps 2022 d’une œuvre symphonique d’Edith Canat de Chizy commandée pour l’Orchestre de l’ONL et l’Orchestre de Cannes.
Les concerts de musique de chambre qui permettent aux musiciens de l’Orchestre de briller auront lieu à l’heure de l’apéro, du déjeuner ou du thé et le jeune public ne sera pas oublié avec plusieurs propositions susceptibles de l'éveiller à la découverte de la musique.
Avec un programme aussi riche, sensé nous conduire de l’ombre à la lumière, à travers quatre siècles de musique, il ne reste plus qu’à espérer qu’un tout petit virus de rien du tout ne viendra pas à nouveau perturber le spectacle.