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Post de Christopher Miles, directeur de la création artistique au Ministère de la Culture sur son compte Linkedin :
"🎵 Une année Pierre Boulez en 2025 pour rendre hommage au compositeur et chef d'orchestre à l'occasion du centenaire de sa naissance, et dont le commissariat général est confié à Laurent Bayle par la ministre de la Culture Madame Rachida DATI.
🎵 La ministre souhaite que cet hommage rendu à Pierre Boulez en 2025 soit un événement majeur pour la culture et la musique en France.
🎵 M. Laurent BAYLE a entretenu des relations professionnelles privilégiées avec le compositeur. Ancien directeur général de LA CITE DE LA MUSIQUE - PHILHARMONIE DE PARIS, M. Laurent BAYLE a également été président du Festival Musica et de l'IRCAM.
🎵 Sa mission se limitera pas à un hommage au passé et à l’œuvre de Boulez.
Il s’agira également d’une exploration de l’avenir, interrogeant l’héritage de Boulez par rapport à la création contemporaine et à la nouvelle génération de musiciennes et de musiciens.
🎵 Pierre Boulez, né le 26 mars 1925, a marqué de son empreinte le monde de la création contemporaine. Son œuvre, avant-gardiste et novatrice, a influencé de nombreux compositeurs à travers le monde, de même que son engagement de chef d'orchestre visant à confronter constamment les répertoires passés et en devenir.
🎵 Nul mieux que lui a réussi à incarner le rôle du bâtisseur ayant fortement contribué à la transformation de l'ensemble du paysage musical français."
Pour commencer, je ne crois pas que Mme Dati ait eu cette idée toute seule. L'ancien Directeur Général de la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris qui devait sans doute s'ennuyer dans sa retraite a dû lui souffler l'idée bien fort à l'oreille, aidé par son successeur et quelques émissaires.
Trève de plaisanterie, il y a là de quoi relancer la guéguerre entre les pro et les anti-Boulez, et donner lieu pourquoi pas à une nouvelle édition de "Requiem pour une avant-garde" de Benoît Duteurtre, sorti en 1995 et réédité en 2006, essai qui fit grand bruit à l'époque en fustigeant l'avant-garde musicale dont Pierre Boulez représentait la figure de proue aux dépens des héritiers d'une forme de tradition tels qu'Henri Dutilleux (1916-2013).
Dans la présentation de la réédition du livre en 2006, il est écrit à propos de son auteur sur son site internet : "Toujours dubitatif vis-à-vis d’une certaine "musique atonale", entachée par le sectarisme de Pierre Boulez et de son entourage, toujours fervent admirateur de Messiaen, Steve Reich, John Adams ou Jean-Louis Florentz, il nous invite à redécouvrir le XXe siècle musical dans sa diversité." Cf. lien ci-dessous.
Ce centenaire Boulez fera-t-il à nouveau sortir de ses gonds le journaliste et animateur, à moins qu'après toutes ces années, il ait pris son parti de l'influence y compris posthume que Pierre Boulez exerce toujours à travers son entourage sur la musique et ses institutions en France ?
De Pierre Boulez, pour ma part, je retiens moins le compositeur, dont je connais mal l'œuvre (à part ses trois sonates pour piano), que le chef d'orchestre admiré dans son répertoire de prédilection, la musique du XXe siècle et la création, remontant quand même à Wagner, Mahler et même Bruckner avec cette somptueuse 8e symphonie, unique œuvre du compositeur autrichien que Boulez dirigea et enregistra live chez DG, et l'homme d'influence à double tranchant, tout d'abord celle qu'il exerça sur la création musicale et qui isola, par son sectarisme, nombre de compositeurs jugés non conformes à ses préceptes et celle plus positive à mon sens qu'il exerça auprès des décideurs politiques et qui permit la création d'institutions musicales, comme la Cité de la Musique, sans lesquelles la France serait en retard dans le domaine culturel par rapport à ses voisins.
Concernant les autres institutions héritées de Boulez telles que l'Ircam (Institut de recherche et création acoustique musique), l'Ensemble Intercontemporain (EIC) et la Philharmonie de Paris initialement prévue dans le projet de la Cité de la Musique et qui vient la compléter, nul n'aurait aujourd'hui l'idée de les supprimer, même si ce sont de gros consommateurs de subventions publiques.
On ne reviendra pas sur la Philharmonie sur laquelle tout a été dit et écrit. Elle a trouvé sa place non seulement dans l'espace urbain grâce à Jean Nouvel, son architecte, mais aussi dans la vie musicale et culturelle parisienne, nationale et internationale. Quand on voit les salles de concert dédiées à la musique classique inaugurées ailleurs en Europe ces dernières années, et qu'on songe au retard pris sur Londres et Berlin équipés depuis belle lurette des meilleurs auditoriums, Paris se devait d'avoir elle aussi une salle digne de ce nom. C'est le cas désormais.
Concernant l'Ircam et l'EIC, ce sont les deux outils, certains diront jouets, surtout pour l'Ircam, dont Boulez a obtenu la création et le financement des pouvoirs publics pour satisfaire sa volonté de domination dans le domaine de la création musicale qui était le sien à l'exclusion de tous les autres, associant recherche (acoustique, électronique, etc) et diffusion des œuvres les plus pointues au sommet de l'avant-garde.
L'Ircam reste un lieu pour spécialistes affûtés. Pourtant curieux de nature, je n'y ai mis qu'une fois les pieds, par hasard, et en suis ressorti un peu frustré de n'avoir rien retiré de ma visite. Jouxtant le Centre Beaubourg, il faut, pour y pénétrer, emprunter une passerelle, qui, symboliquement, marque le passage vers un autre monde.
L'EIC est un outil de création et de diffusion de niveau international. Ce doit être le seul ensemble de ce niveau au monde à ne jouer que de la musique contemporaine. Chacun de ses musiciens est un soliste en puissance.
Or, la question qui se pose est de savoir si les budgets importants alloués à cet ensemble d'élite qui ne se produit qu'à Paris et à l'étranger ne devraient pas être répartis entre tous les orchestres nationaux pour leur permettre d'inscrire eux-aussi dans leur programmation la création et la diffusion de la musique contemporaine qui représente à chaque fois un surcoût et un risque par rapport à une programmation plus conventionnelle.
L'Ircam lui-même est souvent accusé d'être un gouffre financier avec quel impact sur la connaissance par le grand public de ses recherches.
Le débat est à nouveau lancé.
Avec une ministre de la culture, Rachida Dati, qui ne vient pas du sérail culturel, celui-ci pourrait bénéficier d'un vent de fraîcheur à condition de ne pas tomber dans la démagogie populiste et les réflexes électoralistes.
C'est finalement ce que l'on peut espérer de l'année Boulez 2025.
 
Benoît Duteurtre et Pierre Boulez @ DRBenoît Duteurtre et Pierre Boulez @ DR

Benoît Duteurtre et Pierre Boulez @ DR

Tag(s) : #Musique, #Musiqueclassique, #Musiquecontemporaine, #PierreBoulez, #Centenaire, #BenoîtDuteurtre, #Requiempouruneavantgarde, #France
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