La prison est-elle utile ?

Le documentaire "Vivre derrière les barreaux" de Johan von Mirbach, diffusé sur arte.tv, tente de répondre à cette question en analysant le système carcéral des deux côtés du Rhin.

A travers des interviews de directeurs d'établissement pénitentiaire, de détenus, de personnel de santé, de travailleurs sociaux, il montre que si la privation de liberté comme sanction et les prisons qui vont avec se sont développées au 19e siècle pour remplacer les châtiments corporels, elles ne répondent plus aujourd'hui, dans nombre de cas, à la nécessité de favoriser un retour à la liberté dans les meilleures conditions possibles des personnes détenues.

En Allemagne, sur 60000 détenus pour 80 millions d'habitants, 6500 sont en détention ouverte, un régime où ils bénéficient de plus de liberté assortie notamment d'une obligation de travail.

En France, sur 70000 détenus, pour 65 millions d'habitants, ils ne sont que 1700 à bénéficier d'un régime équivalent, appelé aménagement extérieur.

Dominique Simonnot, Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL) en France, explique cette différence entre les deux pays par l'histoire de l'Allemagne au regard du nazisme qui l'a conduit à limiter l'emprise de son système carcéral et à favoriser les alternatives.

En France, les prisons sont surpeuplées et les conditions de détention dans certaines d'entre elles inhumaines, cf. rapport CGLPL 2022.

Développer les aménagements de peine demande des moyens mais le plus souvent la seule réponse du politique est de construire davantage de places de prison pour incarcérer toujours plus de personnes qui auront ensuite du mal à retrouver leur place dans la société.

Un documentaire éclairant sur un enjeu de société hélas trop souvent occulté, sans doute parce qu'il concerne des personnes invisibles.

Pourquoi et comment la prison est-elle devenue une source d'inspiration de la pop culture ?

L'émission Tracks d'arte décrypte le phénomène aux USA, en Allemagne et en Turquie.

Entre la surpopulation carcérale afro-américaine aux Etats-Unis qui totalisent 2 millions de détenus dans des conditions contestables et les arrestations arbitraires d'artistes contestataires dans une Turquie qui musèle toute opposition au régime, il va de soi qu'il est préférable d'être incarcéré en Allemagne.

Quoi qu'il en soit, les artistes concernés par le sujet s'inspirent de leur propre expérience pour mieux dénoncer ces dérives.