Qui connaît un peu la vie et l'œuvre du pianiste, compositeur et chef d'orchestre américain Leonard Bernstein (1918-1990) n'apprendra pas grand chose en regardant Maestro, le biopic que lui consacre Bradley Cooper, acteur, réalisateur et producteur du film avec Martin Scorcese et Steven Spielberg, excusez du peu.
Le film se concentre hélas essentiellement sur la vie privée du maestro et en particulier sur sa bisexualité ou plutôt son homosexualité vécue en marge de son mariage avec celle qui le soutiendra toute sa vie et lui donnera trois enfants.
Son travail de compositeur et d'interprète passe finalement au second plan et on apprend rien sur le processus de création de celui qui fut aussi un grand compositeur. Or, c'est bien là que le film aurait été intéressant.
Transparaît juste, sans être creusée, l'espèce de schizophrénie qui le tourmentait née de l'opposition entre le travail solitaire que nécessite la composition et celui d'interprète qui s'exerce dans la lumière avec les autres. Cette dichotomie était chez lui source de souffrance et il a toujours été tiraillé entre les deux. En fait, il aurait voulu composer davantage mais la direction d'orchestre l'a toujours rattrapé, lui qui était en plus un véritable show man.
Dans un souci de réalisme, Bradley Cooper se fait la tête de Bernstein à chaque période de sa vie. Parfois, c'est assez saisissant, mais c'est aussi souvent agaçant en particulier au début où il peine à retrouver les traits du jeune Bernstein qui était très bel homme.
Dans les scènes où il dirige, en particulier le final de la 2e de Mahler, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec l'original pour se rendre compte que Bradley Cooper en fait des tonnes.
Au final, Maestro ne parvient pas à égaler la réussite de A star is born.
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