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Si vous aimez le piano, je vous conseille ce documentaire de Rémy Campos produit par le CNSMD de Paris sur le fameux jeu perlé à la française.
Il remonte aux sources de la facture de piano pour expliquer comment cette manière de jouer si particulière, très aérée, s'est développée en France avec Camille Saint-Saëns, avant d'atteindre son apogée dans l'interprétation des œuvres de Ravel et de Debussy où permettant d'iriser de pluies de notes légères de grandes nappes sonores, il contribua à la révolution musicale debussyste.
Parmi les représentants majeurs de cette technique de jeu figure la pianiste Marguerite Long qui a formé dans son cour privé une pléiade d'autres pianistes dont Jean Doyen, considéré comme son chouchou dans le film, mais accusé de pousser le bouchon un peu trop loin.
Pour ma part, je retiens, également comme l'un de ses grands représentants, le pianiste français Robert Casadessus (1899-1972), appartenant à cette grande lignée de musiciens bien connue et qui fit une grande carrière outre-atlantique.
A l'orgue aussi, cette technique s'imposa progressivement. Alors qu'au début du 20e siècle, la convention au Conservatoire de Paris voulut qu'on joue la musique de Jean-Sébastien Bach legato, tradition héritée de l'organiste et compositeur belge Jacques-Nicolas Lemmens, progressivement, avec la redécouverte de la musique ancienne, le legato fit place à un jeu plus délié et le Cantor put enfin respirer entre deux notes.
J'ai moi-même connu un organiste, premier prix de piano et d'orgue au Conservatoire de Nancy dans les années 30 qui jouait la Passacaille en ut mineur de Bach comme il jouait le Choral en la mineur de César Franck. Lorsque moi-même élève au Conservatoire de Nancy en 1988-89, il daignait me laisser enfin accéder à l'orgue de la Cathédrale de Toul, dont il était le titulaire, pour travailler, sous sa surveillance, il faisait des bonds sur sa chaise en entendant ce jeu délié enseigné par mon professeur Pierre Cortellezzi.
Mais aujourd'hui à l'heure de la mondialisation, que reste-t-il de ce jeu perlé à la française tant il paraît difficile de définir une technique propre aux pianistes ou organistes français.
Désormais, quel que soit l'instrument, il semblerait plutôt que les instrumentistes comme d'ailleurs les chanteurs adaptent leur technique au répertoire, ce qui rend difficile, à la seule écoute, de savoir à quelle tradition appartient tel ou tel, de même qu'il est difficile d'identifier aujourd'hui un orchestre américain, d'un orchestre allemand ou russe à ses sonorités.
Le documentaire comprend plusieurs documents d'archive intéressants (entretien avec Marguerite Long, Camille Saint-Saëns filmé par Sacha Guitry, etc) et à la fin des extraits d'œuvres interprétées notamment par le pianiste Denis Pascal, professeur au CNSMDP.
Il suit également de jeunes pianistes lors d'un séminaire dans le cadre magnifique de l'Abbaye de Royaumont où ils apprennent à utiliser le guide-mains, une invention du pianiste et compositeur Frédéric Kalkbrenner (1785-1849) reconstituée sous forme de prototype destiné à améliorer la technique pianistique vers ce jeu plus aéré.
Cette partie un peu longue qui n'intéressera peut-être que les spécialistes peut aisément être survolée sans altérer l'intérêt du documentaire.

Camille Saint-Saëns - Marguerite Long et sa classe
Camille Saint-Saëns - Marguerite Long et sa classe
Camille Saint-Saëns - Marguerite Long et sa classe
Camille Saint-Saëns - Marguerite Long et sa classe

Camille Saint-Saëns - Marguerite Long et sa classe

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